La surprise Lore Hoffman, Camille Laplace en progrès sur 800 m
La sociétaire d’Aix-les-Bains Lore Hoffman a décroché le titre sur national sur 800 m, devançant Camille Laplace sur une discipline où les meilleures tricolores n’étaient pas en lice. C’est la Béninoise Noélie Yarigo qui a remporté la course, comme en 2014 à Bordeaux.
Sur 800 m, une fille de l’Athlé Sud 77 peut (presque) en cacher une autre. Rénelle Lamote, finaliste mondiale, double championne de France indoor en titre manque à l’appel (elle a connu quelques petits pépins physiques et a préféré se concentrer pour la préparation estivale) ? C’est Camille Laplace qui lève la main. « Présente ! » pourrait-elle pratiquement susurrer en chambre d’appel.
Ce ne fut pas toujours le cas pour Camille Laplace. Si les deux amies ont disputé les Mondiaux juniors à Barcelone en 2012, elles prirent ensuite des trajectoires opposées. Pour Camille Laplace, le tableau fut noirci par un enchaînement de galères (lire ici).
Dans l’ombre de sa coéquipière, qui gravissait les échelons à grands pas, le doute s’est instillé. Manque de confiance en soi, repères perdus. « Ma force, c’est la rage. L’envie de gagner, toujours. Mais je pense que je l’ai perdue à un moment donné. Quand j’étais en convalescence, j’avais envie de tout déchirer. Mais quand je revenais et que je voyais que c’était dur, je doutais de moi. Je me suis dit : “Est-ce que j’en suis encore capable ?“ » expliquait-elle en juin dernier (lire ici).
Ce qui donna moult copies raturées et hachurées, notamment aux France Elite (plein air 2014 et indoor 2015). Puis la confiance est revenue, par bribes. Examen de passage validé l’été dernier, avec deux chronos inférieurs à 2’04’’ (2’03’’81 à Montbéliard).
A Aubière, une semaine après avoir amélioré d’une seconde son record personnel indoor à Metz (2’05’’82), Camille Laplace a sagement appliqué les conseils du « maître » Thierry Choffin. En séries samedi, où sa copie fût maîtrisée. En finale, où elle fut récitée (presque) par cœur.
« J’avais deux consignes : laisser faire un peu Noélie et ensuite être à la bagarre sur la fin ». C’est ainsi qu’elle se cala dans la foulée de la Béninoise (à lire très prochainement sur vo2 le portrait de Noélie Yarigo), qui a mené la course de bout en bout, comme en séries. Avant l’ultime tour, à suspense.
« Je fais dans l’ensemble une bonne course. Je me crispe juste dans la dernière ligne droite. C’est dommage, je ne suis pas totalement satisfaite. Je reste un peu sur ma faim. Mais c’est de bonne augure pour l’été » glisse Camille Laplace, finalement quatrième de la course (2’07’’98) et vice-championne de France dans un mouchoir de poche.
« Camille avait tout pour faire 2’04’’ – 2’05’’ aujourd’hui. Elle s’est crispée sur la fin. Sous ses airs débonnaires et son esprit un peu guerrier, elle stresse et se met trop d’attentes. Ça fait chier pour elle. Mais elle a passé un cap à l’entraînement » souligne son coach Thierry Choffin.
La bonne tactique de Lore Hoffman
Noélie Yarigo l’a emporté, en 2’06’’97, devant Lore Hoffman (2’07’’82), et l’Espagnole Laura Valdes Tamayo (2’07’’98), alors qu’Athina Bouakira a complété le podium, 5e en 2’08’’65. C’est donc Lore Hoffman qui s’est adjugée le titre national élite, une semaine après avoir décroché l’or aux France espoirs.
« Je pense que la clé était de ne pas partir trop vite. Les filles sont parties très vite, j’étais dernière après le premier 200 m. Cela m’a permis d’avoir de la réserve pour la dernière ligne droite. Les meilleures ne sont pas là (Rénelle Lamote, mais aussi Clarisse Moh, Imane Boukharta, Charlotte Mouchet ou encore Lisa Blameble étaient absentes, ndlr), c’est plus facile. Au début, je ne pensais pas faire la salle, mais j’ai décidé de tenter ma chance après mon bon temps à Lyon (2’07’’70 le 31 janvier). L’objectif était d’abord de me qualifier pour la finale. Après, tout peut s’y passer : je pouvais finir dernière comme être sur le podium. (Le titre), c’est la cerise sur le gâteau. Mon objectif cet été sera de battre mes records pour essayer de participer à des compétitions internationales de haut niveau » explique l’Aixoise, étudiante en génie mécanique à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) en Suisse, où elle s’entraîne, et qui pourrait envisager de prendre la nationalité suisse. « Je n’ai pas encore réfléchi à la question » évacue t-elle.
En attendant, Lore Hoffman a aujourd’hui obtenu les félicitations du jury…
Les résultats du 800 mètres féminin : cliquez-ici.
Texte : Quentin Guillon.
Photos : Yves-Marie Quemener.