France Elite indoor : instantanés commentés
Retour en photos et commentaires sur les principaux temps forts des championnats de France Elite, qui se sont déroulés tout le week-end à Aubière à Clermont.
La sociétaire du Stade Rennais Marine Vallet a fait monter la température en ouverture de la compétition samedi, améliorant son record personnel de quatre centimètres à la hauteur.
L’espoir de 22 ans l’a porté à 1,87 m pour glaner son premier titre chez les seniors, s’offrant une belle ovation de la part du public clermontois.
Saurez-vous reconnaître le gargantua de l’athlétisme tricolore, qui phagocyte l’attention médiatique -logique à l’aune de son pedigree alors qu’il faut dire que la première journée n’a pas été ponctuée par pléthore de performances ?
Pas de doute, Renaud Lavillenie a retrouvé tous ces moyens après un début de saison délicat, où il fut handicapé par des pépins physiques à la cheville et au genou. S’il confie ressentir encore une gêne au genou, cela ne l’empêche pas pour autant d’atteindre les sommets. 6,02 m la semaine dernière à Clermont à l’occasion du All Star Perche, et 5,93 m, son deuxième meilleur résultat égalé aux France indoor samedi, établissant indubitablement au passage un record d’enchaînement de sauts : Stanley Joseph échouant à 5,63 m, le champion olympique attaqua son concours en solo à 5,77 m. Englouti. Deuxième barre à 5,93 m ? Dévorée, allez, à peine cinq minutes plus tard. Prochain plat, garçon ! Ce sera 6,03 m pour améliorer sa propre meilleure marque mondiale. Trois échecs, dû notamment à la fatigue, davantage physique que nerveuse (« La tête veut mais le corps dit non » précisa t-il), engendrée par l’organisation de son meeting le week-end dernier.
Pire que la truffade, fameux plat local, le glouton a frisé l’indigestion, se coltinant cinq sauts en une quinzaine de minutes, après que son estomac ait vrombi presque deux heures durant, entre le début du concours et son entrée en scène.
« Ce ne sont pas les conditions idéales » abonda t-il. « C’est la première fois cette saison que je commence un concours à 5,77 m. C’est un atout supplémentaire en vue des Mondiaux » résuma Renaud Lavillenie, qui entend bien récupérer son sceptre à Portland, lui le champion du Monde indoor 2012, qui avait dû renoncer à disputer l’épreuve en 2014 –il s’était blessé dans la foulée de son record du Monde en tentant 6,21 m.
Championne du Monde junior en 2015, Rouguy Diallo ne cesse de progresser. La triple sauteuse prit la tête du concours au deuxième essai, nouveau record de France espoir à la clé (14,13 m) avant que Jeanine Assani Issouf ne claque 14,17 m. Rouguy Diallo, qui n’avait « pas eu de telles sensations de vitesse lors de (s)a course d’élan » battra de nouveau son record de France espoir, avec un triple bond à 14,16 m.
Hassan Chahdi mène ici la danse sur le 3 000 m. Quelques mètres d’avance, un bon tempo, on le croit lancé vers le doublé après son titre de 2015. Mais non. Il stoppe son effort, rétrograde en dernière position du peloton, avant de remonter dans les 500 derniers mètres pour prendre la 6e place (4e place) puis de filer incognito dans les entrailles du Jean Pellez. Si quelqu’un possède le « petit illustré du Hassan Chahdi » pour nous décrypter tout çà…Quel autre chapitre le champion de France de cross en titre délivrera t-il le week-end prochain au Mans, où l’on attend a priori un alléchant duel avec Morhad Amdouni ?
Deux épreuves les sept de l’heptathlon pour Kévin Mayer et deux records personnels battus, avec samedi une claque de 15 centièmes sur 60 m (6 »95) suivi d’un record personnel amélioré de cinquante centimètres de mieux au poids (15,97 m). Week-end en partie réussi pour celui qui sera en lice à Portland pour une médaille. En partie, car il n’a pas finalement pas disputer la hauteur et la perche dimanche, en raison d’une gêne au tendon rotulien.
Mieux valait ne pas mettre un athlète dehors lors de la deuxième journée (hormis un demi-fondeur, of course). Il était préférable de venir se réchauffer à Jean Pellez plutôt que d’humer les effluves de rôti sur le marché d’Aubière de bon matin, balayé par un vent glacial et les flocons de neige.
Réchauffées par l’atmosphère de la salle, les filles du 400 mètres ont pris la pose après avoir défilé sur le tartan. Marie Gayot a dominé l’épreuve devant Agnès Raharolahy et l’espoir Deborah Sananes – Floria Gueï était présente dans les tribunes en tant que spectatrice.
Ces championnats de France Elite indoor présentaient un niveau très hétéroclite selon les épreuves. Ce fut ainsi le cas sur le 800 mètres, aussi bien féminin que masculin, où il manquait les tous (toutes) meilleur(e)s. Profitant d’une course de fait très ouverte, Dimitri Pasquereau a tiré son épingle du jeu, glanant le titre en 1’49’’31, alors que c’est le Marocain Khaled Benmahdi qui a remporté la course.
L’invité surprise. Teddy Tamgho a rechaussé les pointes en compétition plus de neuf mois après sa rupture du tendon d’Achille gauche contractée lors du meeting de Doha. Il s’est imposé avec un triple bond à 16,98 m, devant Harold Correa (16,91 m) et Benjamin Compaoré (16,88 m). « J’ai eu cinq opérations en quatre ans. Revenir dans ces conditions, c’est très bien » rappelle t-il.
Sacré Kafétien Gomis ! Cinq premiers sauts où il ne dépasse pas 7,70 m. Puis un dernier essai où il s’envole à 8,23 m : record perso indoor et quatrième meilleure performance mondiale de l’année ! L’une des grosses perfs de ces championnats. S’il pouvait exister des Jeux Olympiques de l’ultime essai…
Loin d’être transcendant la veille sur 60 m (6’’64), Christophe Lemaitre a retrouvé de l’allant sur sa distance de prédilection, améliorant sa propre meilleure performance mondiale d’un centième (20’’43), devant l’épatant espoir Mickael-Meba Zeze, qui a pulvérisé son record (20’’54).
On s’attendait à un palpitant duel entre le tout récent recordman de France Dimitri Bascou et le recordman de France outdoor Pascal Martinot-Lagarde. Mais le premier a déclaré forfait peu avant les séries, en raison d’un ischio jambier douloureux. La voie était libre pour le PML express, entré en gare à toute berzingue la semaine dernière pour sa rentrée à Metz (7’’49), et flashé en excès de vitesse à Clermont (7’’44 dans un premier temps, avant que le chrono ne soit ramené à 7’’47) et qui s’exportera dans trois semaines dans l’Oregon pour les Mondiaux (17-20 mars). Pascal Martinot-Lagarde aura pour ambition d’aller chercher l’or, lui qui fut médaillé lors des deux dernières éditions planétaires indoor (bronze en 2012, argent en 2014).
Le pentathlon s’achève avec le 800 m, ultime épreuve redoutée de nombreuses combinardes. Sixième épreuve (facultative), se relever au plus vite nonobstant les jambes gorgées de lactique pour entamer le traditionnel tour d’honneur…
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Texte : Quentin Guillon.
Photos : Yves-Marie Quemener.