Marathon du Médoc : Vasseur et Guibault sur leur 31
Comme en 2014 (lire ici), Nathalie Vasseur et Thierry Guibault se sont adjugé le marathon du Médoc, qui, pour la 31e édition du nom, invitait les participants à se mettre sur leur 31.
Nathalie Vasseur et Thierry Guibault étaient déjà fort distingués au départ cette 31e édition, drapés respectivement de douze et quatre succès au Médoc. Ils ont glané ce samedi matin un surcroît d’élégance, en ajoutant un succès supplémentaire à leur palmarès.
Pour Guibault, la concurrence s’annonçait plus rude que les années précédentes, avec un certain Viktor Röthlin, champion d’Europe du marathon en 2010, au départ. On se demandait bien ce que les Suisse, qui avait stoppé sa carrière à l’été 2014 après sa cinquième place aux championnats d’Europe à Zurich, était venu faire au Médoc.
On eut rapidement la réponse. Pas en vue sur la ligne de départ, il était en fait venu profiter de l’ambiance si festive de la manifestation, aux côtés d’une vingtaine de ses acolytes. A un peu plus de six à l’heure de moyenne, il n’a sans doute jamais couru (et/ou marché) si lentement de sa vie (2 421e en 5h24’43’’)… « Röthlin devait être là mais il est resté à boire du vin » se marrait d’ailleurs à l’arrivée Thierry Guibault.
La voie était donc libre pour le sociétaire de l’Entente Oise, qui sait parfaitement gérer son effort, après des premiers pas à Pauillac en 2004 (3e en 2h34’14’’), et une première victoire en 2011. Depuis, personne n’a réussi à contrer son hégémonie, sur un parcours qui plus est atypique, nourri de moult relances et confinant parfois au cross lors de la traversée de certains châteaux, en raison de l’orage tombé dans la nuit précédente. Et quand on connaît les qualités de Guibault dans les labours…
Ni Antoine de Wilde, lui aussi à l’aise en cross, pour son deuxième marathon après sa 4e place -également au Médoc, en 2012 où il avait explosé- ni Sébastien Beltran, pour ses premiers pas sur la distance, ou David Antoine, vainqueur à cinq reprises, ne sont parvenus à le mettre en difficulté.
Ces quatre là, plus Sébastien Charnay, s’étaient d’emblée détachés. Puis un trio, Guibault, Beltran, De Wilde, souvent mené par ce dernier, prit ses distances, passant en 1h13’’45 environ à mi-parcours. « On était entre 3’20’’ et 3’27’’ à chaque kilo, sur les bases que je m’étais fixées » a glissé Thierry Guibault après-coup.
Guibault, New York dans le viseur
De Wilde lâcha prise aux alentours du 30e, suivi quelques instants plus tard de Sébastien Beltran, qui eut l’opportunité de prendre part au Médoc il y a seulement un mois et demi, et qui n’était de fait pas prêt à encaisser la distance.
« C’est la première année où c’est aussi serré. Hormis la dernière montée où ça été un peu dur, tout s’est bien passé. Mais je crois que c’est la première fois que j’arrive aussi bien préparé. C’est la preuve qu’il faut consentir tous ces efforts pour être au top le jour J. C’est ce qu’il me manquait quand j’étais plus jeune. J’ai acquis une certaine expérience depuis et je vois que ce travail foncier paie. Il faut bouffer du kilomètre pour se sentir bien et surtout pour finir fort. Sébastien Beltran qui un spécialiste du 10 kilomètres a complètement craqué au 30e. Il le redoutait avant le départ et c’est arrivé. Le marathon, c’est souvent 30 bornes faciles et douze autres de souffrance. Je craignais Antoine car il a pour moi le plus fort potentiel. Mais il a connu un passage à vide dont j’ai su profiter. Néanmoins, Antoine c’est la relève. Mais j’espère qu’il va encore attendre quatre ans avant d’inscrire son nom au palmarès » a souligné Thierry Guibault, finalement jamais réellement inquiété et vainqueur finale en 2h26’41’’.
Le voilà désormais auréolé de cinq succès, autant que David Antoine, qu’il rejoint donc au palmarès. Il lorgne désormais les neuf titres de Philippe Remond, 7e aujourd’hui en 2h37’25’’, à 51 ans. « J’aimerais bien égaler son record de 9 succès de Philippe Rémond. J’espère battre celui de David Antoine l’année prochaine. Ensuite il ne me restera que trois succès à obtenir. A 41 ans, c’est jouable. Même s’il y a de plus en plus de jeunes qui viennent sur marathon ».
Auparavant, il y aura Paris-Versailles, les championnats de France de semi-marathon à Fort-de-France début octobre, puis le marathon de New York –son cadeau d’anniversaire pour ses quarante ans- où il escompte glaner la victoire en Master (40-45 ans ; Master étant désormais l’anglicisme pour désigner les vétérans) et tenter de passer sous les cut des 2h20’. Vaste programme en perspective pour le champion de France vétérans de cross et de 10 km. « Quand on gagne, on récupère mieux » souriait-il.
Antoine De Wilde s’est accroché pour prendre la deuxième place en 2h28’45’’. « Thierry était vraiment très fort. Je me suis accroché autant que j’ai pu sur les quatre derniers kilomètres. Je pense que j’ai vraiment optimisé ce que je pouvais faire. Ce matin, je savais que le marathon serait un peu long. Je sais que j’ai fait des progrès dans la préparation sur semi. Je me suis quand même surpris de tenir aussi longtemps ».
Avant d’envisager une suite sur la distance, peut-être à Paris au printemps prochain, il songeait « d’abord à boire quelques bonnes bouteilles ce soir ». La majorité ne l’a pas attendu pour déguster quelques verres tout au long du parcours…Deuxième l’an passé, David Antoine a complété le podium, descendant sous les 2h30’.
Nathalie Vasseur toujours aussi fringante
Si Thierry Guibault améliore un jour le record de Philippe Remond, celui de Nathalie Vasseur lui sera sans doute inaccessible. A 50 ans, elle vient d’ajouter un treizième succès sur le Médoc (17e au scratch en 2h53’27’’). Stéphanie Briand Viaud, victorieuse des éditions 2011 et 2013, fut un temps aux avant-postes, avec Vasseur à ses basques, à une cinquantaine de mètres. Mais celle-ci prit les devants peu avant la mi-parcours.
« Je sais que Stéphanie part toujours très vite. Je l’avais en visu, il y avait à peine trente secondes d’écart. Je suis revenue sur elle au 20e. Elle m’a encouragé quand je l’ai dépassé. Je suis revenue plus vite sur elle que l’année dernière (au 32e). Aller jusqu’à vingt succès ? Je ne pense pas que je serais capable de gagner le Médoc à 60 ans. Çà serait exceptionnel. Pourquoi pas, mais je n’y crois pas trop ! » se marrait celle qui possède un record de 2h40’39’’ (2008 à Rotterdam ; également 2h46’09’’ en 2014, toujours à Rotterdam).
Stéphanie Briand Viaud, ralentie dans sa pré-préparation par une déchirure à l’aponévrose (elle reprit véritablement l’entraînement en juillet) a terminé deuxième, comme l’an passé, en 3h00’16’’ (30e au scratch), devant Gwenaëlle Chardon (36e en 3h04’53’’).
Pour la grande majorité du reste des 8 000 coureurs, il n’était pas question de podium, mais bien de profiter au maximum.
Les dix premiers :
1. Thierry Guibault, 2h26’41’’ ; 2. Antoine De Wilde, 2h28’45’’ ; 3. David Antoine, 2h29’32’’ ; 4. Sébastien Beltran, 2h31’25’’ ; 5. Sébastien Charnay, 2h33’33’’ ; 6. Thomas Benichou, 2h34’23’’ ; 7. Philippe Remond, 2h37’25’’ ; 8. Eric Agrinier, 2h37’47’’ ; 9. Lionel Ribeiro, 2h40’49’’ ; 10. Cyril Chanu, 2h43’15’’ (…) 17. Nathalie Vasseur (première femme), 2h53’27’’ (…) 30. Stéphanie Briand Viaud (deuxième femme), 3h00’16’’ (…) 36. Gwenaëlle Chardon (troisième femme), 3h04’53’’.
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