Laurane Picoche, un marathon « compromis »
En dépit de son bon semi-marathon à Lille, la participation de Laurane Picoche (30 ans) au marathon de Francfort est compromise, en raison d’une inflammation à l’aponévrose.
Après un hiver obscurci par les réminiscences d’un staphylocoque, Laurane Picoche avait retrouvé la lumière et une forme qui montait crescendo depuis sa reprise prononcée de l’entraînement à l’orée de l’été dernier. Objectif : le marathon de Francfort (25 octobre), après sa première incursion sur la distance à Paris en avril 2014 (lire ici).
« Je devais faire un marathon au printemps dernier. Mais ça a été reporté quand j’ai passé des examens après les Europe de cross : il fallait que je lève le pied pendant trois mois. J’ai des moments de grande fatigue. Ça vient assez rapidement. On ne s’en débarrasse jamais. Après les Europe de cross jusqu’à fin mars, j’ai couru 4-5 fois par semaine, pas plus d’une heure à chaque fois. J’ai progressivement augmenté le volume en avril-mai-juin pour retrouver des sensations et être capable d’assimiler l’entraînement. Je me suis donc focalisée sur l’automne et ça marchait plutôt bien, avec aucune gène physiologique. Je ne me sentais pas bridée dans ce que je faisais à l’entraînement. J’étais assez optimiste ».
Au semi-marathon de Lille la semaine dernière, elle réalisa ainsi 1h12’52’’, à une minute de son record personnel (1h11’45’’ en 2013). « Je pensais pouvoir faire mieux mais j’étais contente des sensations, car je n’ai pas souffert. J’étais contente de réussir un semi aussi facilement. Comme je n’avais pas travaillé les allures semi à l’entraînement, j’avais l’impression de devoir tout le temps relancer. Je pense que ça m’a un peu manqué pour faire mieux ».
Laurane Picoche était donc bien lancée vers Francfort avec dans le viseur un chrono aux alentours des 2h30’. « J’avais une petite douleur avant la course entre l’aponévrose et le calcanéum. J’avais déjà eu çà lors de ma première préparation marathon à l’autre pied. Je pensais que ce n’était pas grand-chose mais j’ai fini la course en boitant ».
« Ne pas s’amuser dans ce qu’on aime faire, c’est frustrant »
L’IRM, passée mercredi dernier, a éclairé le mal : il s’agit d’un épaississement et d’une grosse inflammation de l’aponévrose ainsi qu’un œdème osseux
« Ça me semble bien compromis pour le marathon. On verra quand je pourrai recourir » souffle t-elle, alors que les trois semaines à venir devaient représenter l’acmé de la préparation.
Quand les affres du staphylocoque ne ressurgissent pas comme à l’hiver dernier, c’est une autre partie du corps qui regimbe…
Et la frustration qui rejaillit derechef, à l’instar du doute qui l’a escortée l’hiver dernier. « C’est toujours compliqué de ne jamais savoir à quoi s’en tenir. Il y toujours des moments de doute : on se demande ce qu’il se passe, si la fatigue est simplement lié à l’entraînement, s’il faut ajuster l’entraînement, s’il y a encore quelque chose. Il y a beaucoup de questionnements par rapport à tout çà. J’ai tendance à être à fond dedans quand je m’entraîne bien. C’est un peu plus dur de se mobiliser, d’ avoir une vie réglée autour de l’athlé en allant courir quatre fois par semaine 40’. C’est tout simplement frustrant de ne pas pouvoir faire ce que l’on aime. J’aime avant tout m’entraîner et courir. Ne pas faire trop de compétitions, ne pas faire les perfs attendues, c’est secondaire, mais ne pas s’amuser dans ce qu’on aime faire, c’est frustrant ».