Pierre-Ambroise Bosse, aux portes du podium
5e et à la lutte pour le podium à l’issue d’une course tactique qui, a priori, ne lui sied pas forcément, Pierre-Ambroise Bosse a signé le meilleur résultat français aux championnats du Monde sur 800 mètres. Bien loin de sa défaillance l’année passée à Zurich (lire ici). Deux ans après sa 7e place à Moscou en 2013, il a franchi une étape supplémentaire dans une épreuve où le patron David Rudisha a renoué avec son leadership. Le Gujanais s’est présenté très souriant devant les journalistes.
Comment allez-vous ?
Ça va !
Vous n’avez pas vomi ?!
Non, pas sur une course tactique comme çà.
Vous vous attendiez à une telle course (très lente, 54’’17 à mi-parcours) ?
Non, tout le contraire. Cheruiyot est venu me voir dix minutes avant mon échauffement : « Bosse for you to know, Rudisha is flying today ». Ça voulait dire : en gros, Rudisha va faire 1’40’’ (1’40’’91, son record du Monde à Londres, ndlr). Psychologiquement, je m’étais préparé à suivre Rudisha. Je l’ai suivi, mais ce n’était pas le tempo que l’on attendait.
Vous partez bien puis vous vous faites tasser.
Oui, je suis un peu atteint psychologiquement car je me dis qu’il est en train de faire ce que je redoutais. A la cloche, il aurait fallu que je fasse l’extérieur et je ne voulais pas. Quand j’ai vraiment envie de déborder, dans la ligne opposée, ils attaquent. C’est déjà trop tard. Et puis ils ralentissent. Ça a fait un faux rythme. J’avais confiance pour balancer dans la dernière ligne droite mais ça ne passe pas. Je suis peut-être un peu juste à ce niveau là.
L’écart est presque le même à l’entame de la dernière ligne droite et à l’arrivée, pour la 3e place. C’est une question de placement ?
Oui, c’est possible. Mais vu ce qui s’est passé dans la course, je ne peux pas être mieux placé. Car la connerie est faite dans le premier 200. Adam Kszczot est fort. Il a failli tomber et il n’est pas loin derrière Rudisha. Il est vraiment très fort. Je n’ai pas de regrets à avoir. La forme du moment est moins importante que la leur.
« J’aurais adoré attaquer Rudisha »
Il y a de la frustration ?
Oui, il y a peut-être un peu d’amertume. Une course comme çà, j’aurais adoré attaquer Rudisha. Je suis frustré de ne pas l’avoir fait. Je ne suis pas frustré d’être 5e.
Il y a deux ans, vous n’auriez pas été capable de faire une telle course.
Il y a deux ans, je suis 7e en explosant. Là, je finis plus vite le dernier 100 mètres que l’avant dernier et que l’avant avant-dernier. Oui j’ai progressé. Je suis frais et je n’ai pas vomi. Et j’ai en plus le sourire. Pas comme il y a deux ans.
Vous vous étiez focalisé sur le podium ?
Ah non, je me suis focalisé sur la gagne. Surtout après une course çà. Pourquoi ne pas essayer de gagner quand c’est une course à 1’45’’. C’est logiquement à ma portée. Ma demi-finale se court plus vite que la finale. Je n’ai pas à rougir de ma 5e place.
« Je n’ai pas envie de tourner la page de Zurich »
Ça tourne la page de Zurich ?
Je n’ai pas envie de la tourner. Elle est bien ancrée dans ma tête. C’est une course qui est train de me servir et qui me servira peut-être pour mon olympiade. C’est une page de mon histoire et je ne vois pas pourquoi quand je la lis, je devrais l’effacer.
Les résultats du 800 m : cliquez-ici.
La vidéo de la course :
https://youtu.be/eutd8xV0E3U