Rénelle Lamote vue par ses coéquipières
Rénelle Lamote va disputer ses premiers championnats du Monde sur 800 m (séries mercredi), dans le sillage d’une saison exemplaire, marquée par trois chronos en-deçà des 2’, un titre aux Europe espoirs et une première victoire en Diamond League à Stockholm. Trois de ses coéquipières racontent leur relation avec elle.
Azeline Martino (5e des championnats de France sur 5 000 m) :
« Rénelle ? Euh, c’est une fille géniale. Elle a tellement envie. Des fois, c’est trop. Mais elle porte le groupe, ça donne envie, ça pousse. C’est génial. Mais quand elle ne s’entraîne pas, elle vient. Elle pousse vraiment le groupe.
Au final, on a toutes le rêve de faire un jour les grands championnats. Avec elle, on voit ce que ça représente. Oui, on le vit aussi un peu par procuration.
Ça fait six ans que je la côtoie. J’étais au pôle quand elle est arrivée. On s’entraîne toutes ensemble, quelque soit le niveau. En fait, on fait toutes les séances ensemble l’hiver, et l’été les footings avec les séances par groupe de spécialité.
L’émulation, avec également Emma (Oudiou, médaillée de bronze aux Europe espoirs sur le steeple) ? Maintenant, elles sont plus fortes que moi sur le train, sur la vitesse, ça donne envie de s’accrocher. Quand je suis Emma à l’entraînement, je me dis que je suis une internationale. Donc ça fait plaisir ! (elle s’illumine). Ce sont des petits trucs comme çà qui me motivent ».
Camille Laplace (5e des championnats de France sur 800 m) :
« Je la côtoie depuis que j’ai commencé l’athlé, six ans bientôt. Ce qui nous a rapprochées, c’est qu’on a fait du 800 m. Barcelone et les Mondiaux juniors (2012) ? Oui, ce sont de très bons souvenirs, notamment quand on a su toutes les deux qu’on était qualifiées en demi-finale. C’était génial, on a vécu un peu le truc à deux. On était super contentes.
Si je devais la décrire ? Je dirais qu’elle est très perfectionniste, que ce soit à l’entraînement ou en compétition.
Quand je rate quelques compètes ou même quand je les réussis, on en discute. Elle a vécu beaucoup plus de choses que moi, elle me donne des conseils. Quand je suis arrivée des championnats de France Elite, j’étais forcément déçue (5e) et on en a discuté. Et on se dit des choses qu’on ne se dirait peut-être pas avec le coach (Thierry Choffin). Oui, c’est une amie. Même à l’entraînement, je la vois comme une amie, pas comme une coéquipière.
Personnellement, je la vois faire une finale. Et vu son caractère, tout est possible en finale. Je ne serais pas étonnée si elle y avait une bonne surprise car d’un point de vue chronométrique, elle n’est pas allée jusqu’où elle pouvait aller.
Je la vois à l’entraînement, donc ses chronos ne m’ont pas surpris. Ce qui m’a surpris, c’est sa combativité, comme par exemple aux Europe espoirs : on se dit que c’est perdu et elle trouve la force de revenir dans les derniers mètres. Sa force, son mental dans les derniers mètres, c’est çà qui me surprend le plus. Pas les chronos ».
Aurore Fleury (vice-championne de France espoir du 1 500 m) :
« Ça fait deux ans que je la côtoie, depuis que je suis à Fontainebleau. C’est d’ailleurs grâce à Rénelle que j’y suis. Je l’avais croisée il y a deux ans à Nancy, quand elle avait fait 2’02’’, et elle m’avait abordé. Je lui avais un peu parlé de mes chronos, que j’étais sur Paris etc… Elle m’a dit : “Viens avec nous, tu vas voir, c’est génial“. On ne s’était pas reparlé et elle m’avait recontacté au mois d’août, en me disant qu’elle en avait parlé à Thierry (Choffin) etc…
J’avais amené une copine avec moi car j’avais peur de me sentir seule, et en fait c’était comme si je connaissais les filles depuis dix ans.
Forcément, il y a une grosse émulation quand il y a deux trois filles performantes. Comme on est très copines, c’est une émulation qui tire vers le haut et qui n’entraîne aucune tension. C’est toujours super sain, super frais. On veut toujours être l’une devant l’autre mais c’est gentil. C’est vraiment le top.
Rénelle, je dirais que c’est quelqu’un de très franc, qui dit tout ce qu’elle pense, qui ne se pose pas de questions. Et c’est pareil en athlé, quand elle a décidé de faire quelque chose, elle le fait. C’est quelqu’un qui a beaucoup de caractère, qui est aussi beaucoup à l’écoute des autres. Si on progresse, elle est aussi super contente.
Les chronos qu’elle fait ne sont pas une surprise par rapport à ce qu’elle fait à l’entraînement. Après, les valoir et les faire en compétition, c’est deux choses différentes. A Pékin, ça serait logique qu’elle se qualifie en finale. Après, pourquoi pas se rapprocher du podium. Elle peut surprendre. Elle a beaucoup de finish et surtout du mental. Il faudra enchaîner les tours et c’est çà qui sera compliqué.
Evidemment que ça motive. On ne se dit pas que tout est possible, mais qu’il ne faut pas se poser de questions. Rénelle me dit tout le temps : “si tu n’y crois pas en toi, tu n’y arriveras pas“. On se met de moins en moins de barrières, c’est sûr.