JO Londres: 400 mètres femmes , Sanya Richards Ross en or avec beauté
Certes les grandes dames du 400 ne courent plus aussi vite qu’une Marita Koch, quinze fois sous les 49 secondes ou bien encore qu’une Pérec et son record métaphysique établi lors des J.O. d’Atlanta en 48»25. Mais elles ont la classe, la first class, ces dames-gazelles du tour de piste.
Comme les deux américaines Sanya Richards Ross et DeeDee Trotter deux quater milers qui se marquent aux bretelles depuis trois olympiades, déjà dans la même finale olympique en 2004 dans une course remportée par Tonique Darling.Elles se sont allongées avec une infinie délicatesse pour se caler dans leur propre rail. Sanya Richards Ross, cheveux nattés, tressés, curlés en mille vagues. DeeDee Trotter et son tattoo de paillettes posé sur la tempe avec éclat et brillance, «ma nouvelle peinture de guerre, pour me donner une légère inspiration» précisa-t-elle peu après l’arrivée, médaillée de bronze en 49»72. Sanya Richards Ross, en chasse, depuis 2004 en terre olympique pour l’or absolu, a enfin trouvé les clefs du coffre. Sixième en 2004, médaillée de bronze en 2008 (mais en or avec le relais), SRR a su trouver la patience nécessaire pour achever ce grand tour, cette grande boucle. Du fond du cœur, cette victoire, elle l’attribua à Clyde Hart, son entraîneur, le coach le plus titré de l’histoire de l’athlétisme qui depuis 1996 aura toujours placé un ou une athlète sur la plus haute marche d’un podium olympique. 1996 et 2000 avec Michael Johnson, 2004 avec Jeremy Warimer, 2008 avec Sanya Richards avec le relais 4 x 400 m et 2012 avec l’or en solo pour son unique protégée.Car depuis qu’il a pris sa retraite après 49 ans de bons et loyaux services au sein de l’université du Texas et de son écurie des Baylor, Clyde Hart n’entraîne plus que Sanya Richards Ross et côté masculin, Jeremy Warimer qui est revenu au bercail du vieux papy après quelques saisons d’errance. «C’est mon rocher», Voilà comment la nouvelle championne olympique a qualifié cet homme «doux et humble» deux autres qualificatifs prononcés par l’américaine rayonnante de bonheur. Un rocher pour s’accrocher, s’arrimer au bon rivage. Du solide, du concret, dans ce monde factice. De l’immuable dans ce monde éphémère. De l’éternel dans un monde irréel. Clyde Hart maître du 400, qui sait manipuler avec une infinie précision cette équation complexe entre vitesse et endurance qui permet de maintenir une allure de course maximale même si le corps s’empoisonne de souffrances et de douleurs.Du fond de son âme, cette victoire, elle l’attribua aussi à son mari, Aaron Ross, un comerback qui évoluera l’an prochain avec les JacksonVille Jaguars en NFL. Après avoir encensé son entraîneur Clyde Hart, elle ajouta à propos de son compagnon de vie: «C’est ma source de motivation» pour partager et analyser ensemble un quotidien de labeur et de luxe. Sanya Richards Ross a remporté cette finale en 49»55. «En contrôlant mes émotions» analysa-t-elle après course, pour ne pas sombrer dans le doute, pour ne pas commettre les erreurs du passé ponctué de départs trop rapides comme à Athènes en 2004 pour se faire dévorer aux 200 m puis à Pékin en 2008 pour se faire avaler, passé les 300 m. A Londres, Sanya Richards Ross a lâché son «rocher» pour se libérer, son immense crinière dénouée pour flotter au vent. Avec beauté.
Odile Baudrier / Gilles Bertrand