JO Londres: 3000 m steeple femmes, Zaripova en or devant la Tunisienne Ghribi et l’Ethiopienne Assefaa
La Russe Yuliya Zaripova remporte le titre et devance la Tunisienne Habiba Ghribi et l’Ethiopienne Sofia Assefa. Elle confirme la main-mise de la Russie sur cette discipline, en conservant le titre olympique dans son pays après Galkina, 1ère championne olympique à Pékin.
Trois physiques. Trois races. Trois sourires. Les trois athlètes de ce podium olympique ne boudent pas leur plaisir. Yuliya Zaripova, la blonde Russe, radieuse de ce 3ème titre, après l’Europe et le Monde. Habiba Ghribi, la brune Arabe, rayonnante pour sa 2ème médaille d’argent après Daegu. Sofia Assefa, l’Africaine, satisfaite de cette 1ère médaille en steeple pour l’Ethiopie. L’Afrique aurait bien voulu ramener dans son giron le steeple féminin, qui n’était inscrit que pour la 2ème fois au programme des Jeux Olympiques. A Pékin, les Russes avaient fait l’OPA avec l’or de Galkina et le bronze de Volkova, et la Kenyane Jepkorir en argent. Très vindicative pour cette olympiade, l’Ethiopie avait fixé un schéma pour incurver la tendance, les chronos des Ethiopiennes étaient tombés cette année, et les qualifications avaient promis le meilleur, avec 2 victoires sur 3. Mais les stratèges éthiopiens n’avaient peut-être pas pris le temps d’expliquer aux athlètes ce qu’est la «méthode» Zaripova: la course en tête dès les premiers mètres et la conserver jusqu’à l’arrivée.C’est ainsi que la Russe de 26 ans s’était déjà illustrée pour son titre européen en 2010, son titre mondial en 2011. Et c’est à nouveau ce qu’elle a su répéter sur l’anneau olympique. Son explosion de joie à l’arrivée témoignait de son bonheur de ce vilain petit tour joué à des Ethiopiennes, alors qu’elle tombait dans les bras d’Habiba Ghribi, à nouveau sa seconde comme à Daegu. Pour Habiba Ghribi, le goût de cette médaille est très sucré, celui d’un rêve qu’elle atteint, et celui de l’histoire qu’elle construit: «C’est historique pour la Tunisie et pour la femme tunisienne. Cette médaille est pour le peuple tunisien. Pour le peuple arabe. Et surtout pour la femme arabe.». Cette Tunisienne qui vit en France veut mettre à l’honneur son pays, et quand on lui rappelle que la dernière médaille de son pays en demi-fond remonte à 1968 avec Gammoudi en or sur le 5000 m, elle s’empresse d’insister : «Je suis fière de cette médaille 44 ans après. En Tunisie, il manque des moyens pour être au niveau mondial. Moi, j’ai la chance d’avoir être un entraîneur qui me suit depuis l’âge de 16 ans. J’ai progressé avec lui. Il me donne confiance.»Habiba Ghribi est habituée à marquer ainsi l’histoire de son pays. Elle avait été la première Tunisienne à entrer dans une finale olympique en athlétisme à Pékin, et à Daegu, elle avait obtenu la première médaille mondiale pour une Tunisienne. Elle boucle la boucle ce soir, avec cette première médaille olympique pour une Tunisienne! Une succession de première fois, tellement loin des préoccupations des femmes russes, qui en six olympiades seulement (1908-1912-puis de 1996 à 2008) ont empoché 42 médailles!
Odile Baudrier / Gilles Bertrand