Athlétisme

JO Londres: 400 mètres haies, la renaissance de Félix Sanchez, à nouveau en or

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Poste Le 6 août 2012 par adminVO2

Félix Sanchez supplante tous ses rivaux, pour aller conquérir son 2ème titre olympique après celui d’Athènes en 2004. Une performance énorme, le Dominicain fêtera bientôt ses 35 ans et il affiche près de 15 années au plus haut niveau, avec un double titre de champion du monde.
Félix Sanchez est debout sur le podium pour recevoir sa médaille d’or. Les sanglots l’ont envahi, et il ne peut plus les arrêter. Le podium du 400 mètres haies pourrait bien être l’un des plus émouvants de ces Jeux Olympiques. Dans la lignée de celui de Carl Lewis aux JO d’Atlanta lorsqu’il conquière l’or à la longueur, huit ans après l’or du 100 mètres de Séoul. Les larmes de Félix Sanchez ne sont pas que des larmes d’une joie indicible de retrouver l’or après huit ans de disette depuis son titre d’Athènes. Elles sont bien plus intimes et très peu sportives. Félix se livrera sur cet énorme moment d’émotion que tout le stade a ressenti avec une intensité forte, pour raconter: «Il faut revenir en arrière. A Pékin, j’étais blessé. Je voulais essayer d’atteindre la demi-finale. Et le matin de ma série, j’ai reçu la nouvelle du décès de ma grand-mère. J’ai été très affecté toute la journée, je n’ai pu me qualifier. Et j’ai fait la promesse à ma grand-mère que je gagnerai une médaille pour elle. Cela m’a pris 4 ans, j’y suis arrivé! J’ai mis une photo d’elle au-dessus de mon lit. Chaque matin en me réveillant, je voyais la photo. Je pensais de plus en plus à gagner. Cela fait 14 ans que je suis au haut niveau, depuis 1999, mon premier championnat du monde. Et je suis toujours là! Je gagne ici, avec le même temps qu’à Athènes. Cela semble incroyable. Ma grand-mère est une partie de moi-même…»Toutes ces années ont été difficiles pour Félix, tellement habitué au succès pendant des années, enchaînant les réussites, avec 43 victoires successives entre 2001 et 2004, et qui a ensuite payé un lourd tribut à la blessure, même s’il a accédé à 6 finales de Championnat du Monde.Mais il n’a jamais perdu espoir: «Mon rêve était d’obtenir une médaille. Beaucoup de gens pensaient que je ne pourrai pas le réaliser. Moi, j’avais confiance en moi, que je pourrais le faire. J’ai suivi un entraînement très dur. Ici après la série, j’étais satisfait, j’ai commencé à y croire. J’ai été surpris par mon temps en demi-finale (47’’76). J’ai compris que c’était possible. Je savais qu’il fallait la course parfaite pour gagner. Elle a été parfaite. Après la demi-finale, j’étais très anxieux. J’ai mis la photo de ma grand-mère dans ma chambre, j’ai écrit son nom sur mes chaussures. C’est incroyable, je suis tellement heureux. Au moment du podium, ça s’est mis à pleuvoir. J’ai pensé que ma grand-mère pleurait peut-être aussi.»Felix Sanchez n’avait pourtant terminé que 5ème au Meeting de Londres mi-juillet, et ses adversaires l’avaient trop vite rayé de leur liste de favoris. Felix Sanchez n’a pas étudié la psychologie pour rien, et l’aspect mental lui semble déterminant: «C’était ma dernière course. Mais une compétition comme ça, mentalement, ce n’est pas les JO. Ce n’est pas pareil.Ici, j’ai bien couru en série, mais je ne savais pas quelle énergie j’avais utilisée. Il me restait encore deux courses. J’ai vu en demi-finale, que j’étais bien en technique et vite. Alors je savais que j’avais une chance pour la finale. A la fin de la course, j’étais très fatigué. A 5 mètres de la ligne, j’attendais que quelqu’un me dépasse, mais personne n’est revenu»Le plus choqué par cette victoire est le Porto-Ricain Javier Culson, invaincu cette saison et leader mondial, qui ne prend que la 3ème place. Michael Tinsley, lui, prend cette médaille d’argent comme un beau cadeau: «C’est ma première expérience aux JO. Sanchez a l’habitude d’une telle foule. Moi, cela me met beaucoup de pression.»Les deux records du monde en salle établis cet hiver par Felix Sanchez cet hiver auraient dû les alerter, pour les prévenir que le «vieux» lion était de retour. Ces deux marques ont été de beaux repères pour le Dominicain: «Je savais que tout allait bien. J’avais battu ces records indoor, et mon record sur 400 m aussi. C’est tellement difficile de revenir après une blessure. Il faut retrouver la technique, la vitesse. J’ai eu des UP et des DOWN. Mais je gardais ma motivation, je voulais gagner. Etre Number One à nouveau, c’est une motivation. Je ne savais pas si je réussirai. Maintenant je suis là!
Odile Baudrier / Gilles Bertrand

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