Marathon de Paris : Karine Pasquier, record pulvérisé
Karine Pasquier a battu son record deux minutes trente au marathon de Paris, descendant pour la première fois sous les 2h35’ (2h34’55’’, 11e femme).
Karine Pasquier vient de franchir la ligne d’arrivée. A peine marquée par l’effort réalisé, elle s’avance, radieuse, pour raconter sa course. Jean-François Pontier, manager du hors stade à la FFA, l’interpelle : « Bravo Karine ! ».
La médaillée de bronze des derniers championnats de France de cross poursuit son récit. « Je suis partie trop vite. Je flanche un peu sur la fin ». « Mais c’est pour tout le monde. Tu te retrouves tout seul, avec la chaleur en plus. C’est une belle perf » reprend Jean-François Pontier.
A la différence des Français qui ont effectué la deuxième partie de course esseulé, Karine Pasquier, coachée par Pascal Chirat (également manager de la marche à la FFA) a toutefois pu compter sur le soutien d’hommes figurant dans son groupe.
« On partait sur des bases de 2h35’30’’ avec Pascal, avec l’objectif de partir les 5 premiers kilomètres en dedans, soit 3’45’’ au kilo. Puis de faire 3’40’’-3’41’’ en essayant de tenir jusqu’au bout. Il se trouve que je suis partie plus vite car je suis passée au semi en 1h17’10’’, alors que je devais passer en 1h17’50’’. Je n’ai pas fait negativ split contrairement à il y a deux ans ». Mais elle n’a pas dévié de sa trajectoire, cette volonté de mener son propre tempo, comme elle l’expliquait avant la course (lire ici).
« La ligne droite pour faire moins de 2h35’ a été infernale !»
« Je calculais mon truc, je ne voulais pas dépendre des autres. J’ai lâché le groupe dans lequel je me trouvais au 28e quand on est passés sur des dos d’ânes. Je n’avais plus le satellite du GPS et dans le stress, je voulais garder le tempo. Et je voyais Aline Camboulives qui n’était pas très loin ; je suis revenue à ce moment là » raconte Karine Pasquier, qui a également rattrapé Corinne Herbreteau, elle aussi ayant battu son record après être partie vite (2h36’26’’).
Les jambes se durcissent au 32e. « J’ai pensé aux conseils du coach. J’ai serré les dents, je me suis accrochée. Je ne regardais plus l’allure mais les gens devaient moi. La ligne droite pour faire moins de 2h35’ a été infernale ! » se marre Karine Pasquier, qui aligne les phrases comme les kilomètres un peu plus tôt, grand sourire barré sur son visage.
Son « record pulvérisé » (2h37’22’’ en 2013) matérialise en tout cas son choix d’effectuer sa préparation seule, de bout en bout, ainsi que sa stratégie pré marathon, et cette avant-dernière semaine très light (40 km) avant de remettre du rythme les ultimes jours en prélude de ce marathon de Paris (100 km environ effectués, lire ici).
Si Jean-François Pontier parle de « belle perf », c’est évidemment au regard du temps réalisé, mais pas que. Car le chrono ne dit pas, par définition, les conditions dans lesquelles Karine Pasquier s’est préparée. « Les 2h32’ (minima pour les Mondiaux de Pékin) ? Il faut franchir encore un cap. Il faut que je ne fasse que ça et que je m’entraine différemment. Je fais déjà ça avec un emploi du temps très chargé. C’est une belle performance quand on met tout çà côte à côte, les différentes vies… » glisse t-elle avec le sourire.
« Il ne faut pas s’écouter »
On en revient inévitablement avec l’insigne écueil vécu par pléthore de coureurs, qui conjuguent haut niveau et vie professionnelle (et familiale), et où s’imbriquent volonté de progresser, de toucher ses limites athlétiques, et choix individuels, alors que le projet marathon mis en place par la Fédération a notamment pour objectif d’aider les marathonien(ne)s qui évoluent dans ces conditions. A 37 ans, Karine Pasquier est-elle prête à privilégier quelques années durant sa carrière d’athlète, elle qui disait sa joie de côtoyer des athlètes comme Sophie Duarte lors du stage au Portugal en janvier dernier ?
« Oui, bien sûr. Mais il faut aussi que ça vaille le coup. Je sais que je ne vais pas briller au niveau international. Mais c’est sûr que ça me ferait plaisir d’honorer encore le maillot de l’équipe de France, dans un collectif marathon par exemple. Je pense que j’avais les 2h34’ dans les jambes sur un parcours différent ».
Elle revient sur sa course. « Je suis contente car je n’avais pas de très bonnes sensations. Au 15e, je n’étais pas terrible. Comme quoi il ne faut pas s’écouter, rebondir avec la tête en se disant : “tu t’es entraînée dure, toute seule etc…“ C’est ça qui fait la différence. Ça se joue vraiment dans la tête ».
Une belle perf, vraiment.