Athlétisme

Bryan Cantero vainqueur d’un 1 500 m en manque de saveur

Sur le papier, ils étaient trois à postuler aux championnats d’Europe indoor à Prague. Mais seul Yoann Kowal devrait rallier Prague, alors que Bryan Cantero s’est imposé devant le Périgourdin et Simon Denissel.
Il aura manqué la sauce piquante sur ce 1 500 m. On attendait une grosse course, avec au départ trois athlètes postulant aux championnats d’Europe indoor de Prague (5-8 mars) : Yoann Kowal, le seul à avoir réalisé les minima sur la distance à Karlsruhe ; Bryan Cantero, passé tout près à deux reprises, et Simon Denissel, qui escomptait se qualifier sur 3 000 mètres (lire ici) mais qui fut anémié ces dernières semaines, ce qui explique ses contreperformances récentes.
Simon Denissel avait donc décidé de descendre sur la distance inférieure, celle où il avait glané sa première breloque au niveau international en 2013 à Göteborg (où Mahiedine Mekhissi l’avait emporté).
Les trois allaient-ils s’entendre pour se relayer ? Ou les deux, plutôt, Yoann Kowal ayant déjà réalisé le niveau de performance requis ? Simon Denissel l’avait proposé avant ces championnats, où Bryan Cantero était initialement engagé et sur 800 et sur 1 500 m.
« Il y avait ce pari de doubler. Mon coach (Jean-Claude Vollmer) m’a convaincu. Puis j’ai eu Philippe Dupont (manager du demi-fond) qui m’a dit que je me tirais une balle dans le pied. J’avais encore une chance d’aller aux Europe » relate Bryan Cantero. Sauf que l’Aixois a reculé dans la hiérarchie européenne ce week-end (si les minima ne sont pas réalisés, une attention est portée sur les bilans européens) figurant désormais en 15^e position.

« L’objectif est d’aller plus haut »

« J’ai eu trois courses pour faire les minima. Je n’avais pas très envie de faire une telle course sur un championnat. C’était un peu compliqué sans lièvre. Mon coach n’était pas très chaud et voulait plutôt que je cours pour gagner ».

Il est donc resté dans la foulée de Simon Denissel quand celui-ci a tenté sa chance, partant en 1’14’’ au premier 500 m (bases 3’42’’ pour des minima à 3’40’’50). « On est sur un faux rythme du début à la fin, avec des à-coups, et les relais ont été pris trop tard. Si Bryan veut rester comme ça à gagner des courses en 3’45’’…Tant pis. Moi, j’ai proposé. On s’entraîne toute l’année, et c’est pour tenter quelque chose au moment des compétitions, même si on n’a pas forcément les jambes. On n’a rien à perdre. Une médaille aux France en salle, on sait tous les trois qu’on a le niveau pour les faire. Mais ce n’est pas ça l’objectif. L’objectif est d’aller plus haut. Tous les trois, on n’a pas fait une course terrible. Personne n’avait de jambes exceptionnelles » souligne le Lillois, un brin désabusé et finalement 3^e en 3’45’’83.
Une déception à chaud légitime à l’aune des efforts consentis durant de longs mois d’entraînement. « Place à l’été maintenant. Ça va payer ».
Même tonalité, cette fois-ci, du côté de Bryan Cantero, qui a produit son effort dans les ultimes 250 mètres, résistant ensuite dans les tous dernières mètres au retour de Yoann Kowal (3’45’’25 pour Cantero, 3’45’’45 pour Kowal). « La salle, ce n’est pas une fin en soi. J’ai beaucoup progressé cet hiver (lire ici) et l’important est de perfer cet été ».
« On pouvait attendre quelque chose de mieux » abondait Philippe Dupont. « Ce n’était pas une course extraordinaire. 1’14’’-1’16’’-1’15’’, on ne passe pas les séries avec ça aux championnats d’Europe. Ça sera compliqué pour Bryan (d’être sélectionné) ».
Yoann Kowal devrait donc être le seul représentant tricolore sur la distance à Prague (la sélection officielle sera dévoilée lundi 23 ou mardi 24). Vainqueur en 2014 à Bordeaux, il s’est arraché durant les derniers mètres, sans parvenir à passer Bryan Cantero. Le Périgourdin étant sans doute émoussé après s’être aligné à Stockholm jeudi dernier, où il n’avait pas digéré un passage trop rapide aux 1 000 m (autour de 2’24’’, après surtout un premier 500 à toute allure), terminant finalement en 3’41’’37.
3^e des Europe indoor 2009 à Turin, il reste deux semaines à Yoann Kowal pour monter en puissance  (il est actuellement 8e au bilan européen). Il lui avait fallu moins de temps pour se remobiliser à Zurich entre une série très délicate, et une finale dont on connaît le dénouement…
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