France Elite indoor : "le gros kif" de Brice Leroy sur 800 m
Comme en 2013, Brice Leroy a remporté le titre national indoor sur 800 m devant l’espoir Léo Morgana et le tenant du titre Paul Renaudie.
Ce 800 m s’annonçait ouvert. Il le fut. Course éminemment tactique. Le premier 400 en 58’’ environ a estomaqué les protagonistes eux-mêmes, qui ne s’y attendaient pas. « J’ai déjà fait en séance 10×400 m en 58’’. Je me suis dit qu’il y avait un problème quand j’ai vu le chrono » souriait après-coup Brice Leroy.
La mi-parcours, ce fut le moment choisi par le local Yoann Seroc pour accélérer l’allure. Le Clermontois se prend au jeu, « se fait un kif », et la salle s’enflamme dans ses pas.
500 mètres de course. Trêve de plaisanterie. Brice Leroy allume. Et pas qu’un peu. Le néo-Martégal, qui s’entraîne depuis septembre à Istres sous la férule de Roger Milhau, est en forme. Son gabarit, à la différence de Léo Morgana ou Paul Renuadie, sied à merveille aux canons de l’indoor.
« J’ai fait un gros dernier 300 mètres. C’était un sprint long » explique celui qui reprend son titre. « Ça a fini très fort. J’adore ça. A la fin, c’était un gros kif. C’est rare sur 800 m de pouvoir finir aussi fort sur les 50 derniers mètres ».
Fini la chicha, les soirées foot et la bière à Amiens. Ça paie. Il a réussi les minima dès sa rentrée et respire la sérénité (on vous en parlait ici). « Et j’ai pratiquement arrêté le macdo » sourit-il. Bon, il y a bien eu cet écart la veille au soir. Trop d’attente au Flunch, et l’appel du Macdo fut plus fort. On ne se refait pas (totalement). Mais il y a des progrès.
« L’objectif est atteint. Pour l’instant, tout roule. J’étais stressé en séries. Mais là, pour la final, j’étais très détendu ».
A l’instar de Charlotte Mouchet du côté féminin, Léo Morgana incarne la toute nouvelle génération sur le 800 mètres.
Le Montpelliérain est monté sur la deuxième marche du podium. La veille, il avait tenté d’emmener un gros tempo, partant sur les bases des minima pour Prague, avant de se raviser en voyant le chrono à la mi-parcours. Résolu, il prit les devants « comme il avait décidé de le faire » relevait ensuite son coach Gilles Garcia, afin d’éviter les bousculades.
Quatrième lorsque la course s’emballe sous l’impulsion de Brice Leroy, il ne se démonta pas, faisant l’effort dans le dernier tour pour monter sur la deuxième marche podium, à l’occasion de ses premiers France Elite indoor.
« Je lui avais dit avant de partir à ce stage : “tu ouvres des oreilles, tu ouvres tes yeux“, et tu apprend“ »
Une pointe d’amertume se lisait toutefois sur son visage. « Je pense que le titre était jouable. Lui aussi devait y penser » souffle Gilles Garcia. « C’est un mec qui n’aime pas perdre. Oui, il a un gros mental. Il voit plus loin et il très déterminé. Depuis l’an dernier, il a vu qu’il pouvait réussir en athlétisme, c’est donc devenu un véritable objectif ».
2014, où Léo Morgana s’est fait un nom, avec ses 1’46’’98. Désormais espoir deuxième année, il ne devait pas courir cet hiver. Mais il a passé un cap à l’entraînement, matérialisé par de probantes séances lors du stage fédéral en Afrique du Sud avec le collectif France, où il s’est notamment entraîné avec Paul Renaudie.
« Je lui avais dit avant de partir à ce stage : “tu ouvres des oreilles, tu ouvres tes yeux, et tu apprends“. Il sait faire, il apprend vite » témoigne Gilles Garcia. « Il était tout près des minima pour les championnats d’Europe (1’48’’81 à Vienne). Du coup il s’était un peu mis ça dans la tête. Il les avait dans les jambes ». « Mais entre les avoir et les faire, ce n’est pas pareil » expliquait l’étudiant en STAPS samedi, après sa série, indiquant dans la foulée que l’objectif était bel et bien l’été.
Sans forfanterie aucune, Gilles Garcia reprend et décrypte : «Depuis qu’il a débuté, on s’est toujours dit de ne pas se fixer de limites de chronos, pas de barrière. Ça peut paraître présomptueux. Mais le but n’est pas de dire : “je veux faire 1’45’’ “. Car après, qu’est ce qu’on fait s’il les fait ? »
Un état d’esprit qui rappelle un certain Pierre-Ambroise Bosse… « Après, il a toujours progressé. On sait bien que ça va à un moment s’arrêter » relève le coach, à la tête d’un groupe en vue, où figure également Nasredine Khatir, en lice l’été dernier aux Mondiaux juniors sur 800 m, et qui a réalisé 48’’28 à Aubière, sur 400 m, record personnel.
De son côté, Paul Renaudie escomptait une course au train, plus rapide. Le Bordelais a logiquement manqué de jus après son enchaînement de quatre courses en huit jours (Vienne samedi 14, Stockholm jeudi dernier, séries et finale ce week-end). « J’ai fait une course de merde. J’ai manqué de gaz et j’ai eu du mal à réagir quand la course est partie. Il m’a manqué de fraîcheur mais je préférais aller chercher les minima à Stockholm ».
Les résultats :
1. Brice Leroy, 1’51’’06 ; 2. Léo Morgana, 1’52’’07 ; 3. Paul Renaudie, 1’52’’63 ; 4. Renaud Rosière, 1’52’’88 ; 5. Samir Jamaa, 1’53’’02 ; 6. Yoann Seroc, 2’00’’6.