Mondial de Moscou : Shelly Ann Fraser devant Muriel Ahouré et Carmelita Jeter sur 100m
Shelly Ann Fraser était la leader mondiale avant ce championnat, et elle a parfaitement concrétisé en remportant le titre, en devançant l’Ivoirienne Muriel Ahouré, première Africaine sur un tel podium, et l’Américaine Carmelita Jeter, la championne du monde en titre.
« Je remercie Dieu. Je suis bénie ». Juste après cette finale du 100 mètres, la foi plane sur la splendide salle de conférence de presse de ce stade Luzkniki. Shelly Ann Fraser Price, la nouvelle championne du monde, remercie deux fois Dieu pour sa réussite. Carmelita Jeter s’estime bénie, bien qu’elle ait été détrônée que et qu’elle ne soit qu’en bronze, pour la 3ème fois ! Myriam Soumaré a été éliminée en demi-finale – 5ème en 11’31. Mais de sa voix rauque aux accents très masculins, l’Américaine s’attarde sur son bonheur de cette médaille: «Celle-ci signifie beaucoup plus pour moi, car l’année a été difficile.» Avec de petites perfs et surtout une blessure survenue deux semaines plus tôt à Londres en série, où elle avait couru en 10’’93, son premier gros chrono de la saison.10ème temps mondial seulement, et une blessure à deux semaines du Mondial.
Tout désignait Carmelita Jeter, comme «Out» pour cette finale. Mais l’élève de John Smith a ressuscité, et n’a pas échappé aux nouvelles questions sur son étonnant parcours, qui l’a amenée à 10’’70 et en or à 32 ans et à nouveau en bronze à 34 ans. Sa réponse est étonnante: «Mes priorités ont changé avec l’âge. L’athlétisme est devenu pour moi un mode de vie. C’est athlétisme du lundi au dimanche, et en permanence»
Shelly Ann Fraser Pryce pourrait donner la même explication. A peine plus de 26 ans et déjà deux titres olympiques sur le 100 m, l’argent olympique sur le 200 m, et le titre mondial dès 2009. Une athlète prodige, championne olympique à 22 ans et championne du monde à 23! Et cette année, à nouveau, 4 ans plus tard, cette médaille d’or en Championnat du Monde. Ce serait sa croyance en Dieu qui lui aurait donné la force pour réaliser ce retour. La Jamaïcaine, elle, n’a pas échappé aux questions autour du dopage. Doublement concernée. Par le contrôle positif qu’elle a subi en 2008, ponctué par une suspension de 6 mois. Par sa proximité avec Asafa Powell, son partenaire d’entraînement, et tout récemment positif. Mais il en faut plus pour faire perdre son sourire à Shelly Ann, qui interrogée sur son sentiment sur la durée des suspensions répond simplement: «Chaque situation est différente. Je n’ai pas à juger. C’est aux fédérations de prendre les décisions.» Et sur le point très particulier du contrôle d’Asafa Powell, avec lequel elle s’entraîne depuis toujours dans le groupe de Stephen Francis, elle souligne fermement: «Je n’ai pas été dérangée par les affaires de dopage. J’avais un but à atteindre.»C’est fait pour cette finale du 100 mètres, mais l’esprit de Shelly Ann est déjà tourné vers le 200 mètres, sa nouvelle passion, où elle brille, également leader mondiale cette saison avec 22’’13. Avec l’espoir que l’esprit de Dieu soit encore à ses côtés…
Texte Odile Baudrier Photo Gilles Bertrand