Thomas Lorblanchet, roi des Templiers
Fort d’une stratégie idoine –il ne s’est pas affolé lors de l’accélération d’Erik Clavery- Thomas Lorblanchet a remporté pour la quatrième fois le Grand Trail des Templiers. Personne n’a fait mieux et cette victoire met en exergue un retour au tout premier plan, après moult désagréments.
«L’idée est de faire une course pleine où je suis content de mon niveau». C’était avec cet état d’esprit que Thomas Lorblanchet escomptait aborder ce Grand Trail des Templiers. Se faire plaisir, «être acteur de la course» comme il l’a de nouveau souligné après la ligne d’arrivée, après maints soucis en cette année 2013. Et, acteur de la course, Thomas Lorblanchet l’a été, participant au train d’enfer dès les premiers kilomètres d’une course qui, à coup sûr, entrera dans la légende des Templiers.
«C’est parti très très vite. J’ai été étonné. Sur les plateaux, on était à 3’40 au kilo».«Acteur de la course», cela ne signifie pas pour autant courir à tort et à travers. Ainsi, lorsqu’Erik Clavery a pris les devants aux alentours du 50e kilomètre, le champion du Monde 2009 a préféré «temporiser. C’était trop violent pour moi» admit-il, une bouteille d’eau gazeuse à la main, posé sur une chaise en attendant le contrôle antidopage, en retrait de l’agitation secouant la ligne d’arrivée.Un lieu calme et paisible pour revenir sur cette journée dantesque.
«Forcément tu te poses des questions»
«La saison avait mal commencé avec plein de pépins. Et tu entends toujours: le niveau est plus dense, etc etc… Et toi forcément, tu te poses des questions quand tu commences à ne plus être devant» confie Thomas Lorblanchet, qui a modifié certains aspects de son entraînement, mené sous la férule d’Eric Lacroix. «J’ai mis plus l’accent sur le dénivelé, le fractionné en côtes, des trucs comme ça».Cette longue période sans compétition a instillé le doute chez les Clermontois. «Comme j’étais blessé, je n’ai pas beaucoup couru. Et, du coup, tu arrives toujours sur les lignes de départ avec une confiance qui n’est pas au top. Ce qui m’a manqué, ce sont les confrontations».
L’adversité et la compétition, pour emmagasiner des informations sur l’état de forme de chacun, pour avoir sur son propre ressenti en course, pour percevoir ce sur quoi il faut mettre l’accent à l’entraînement. Pour l’adrénaline aussi. Pour cela, rien ne remplace la compétition. Et c’est peut-être aux championnats de France à Gap (6e) que s’est construite la victoire de Thomas Lorblanchet.«C’était vraiment une prépa optimale pour les Templiers. Le but était faire la course, de ne pas finir trop trop loin, mais ne pas finir fracasser non plus. J’ai préféré assurer le coup, j’ai pu jauger un peu l’état des troupes».
«Recommencer à peser sur la course»
Presque sept heures durant, ce sont ces troupes (Sylvain Court lui a tiré son chapeau sitôt la ligne franchie) qui ont pu juger de l’état de forme du vainqueur des éditions 2007, 2008 et 2010, et dont la première participation remonte en 2002. «Les Templiers, c’est le rendez-vous de fin de saison. A l’époque, en 2002, il n’y avait pas beaucoup de courses. J’ai commencé le trail en 2001 avec la petite idée de faire les Templiers en 2002. Tant que je n’avais pas gagné, je me suis dit: “j’irai, j’irai, j’irai“ car je sentais que c’était jouable. Après, quand j’ai gagné : “pourquoi pas deux fois“ etc…».
Et aujourd’hui, à 33 ans, il en est à quatre. Celle-ci a-t-elle une saveur particulière? «Elle était dure, mais c’est l’une des meilleurs» a-t-il glissé dans l’aire d’arrivée. Quelques minutes après, il ajoute:«La saison 2013 n’a pas été facile. La saveur, c’est aussi d’avoir réussir à me remettre dans le bain de la course au haut niveau, de recommencer à pouvoir peser sur les courses».
Il a fait mieux que ça. Le roi des Templiers, c’est bien lui.
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