Course Eiffage du Viaduc de Millau : un diamant brut
Gilles Bertrand a été l’instigateur de la création de cette épreuve en 2007, devenu une référence dans le monde du running, avec la traversée de cet ouvrage emblématique, propice à l’enthousiasme des coureurs.
VO2: Tu es un organisateur de trails, alors comment a germé cette idéede course sur le viaduc ? Quelles difficultés as-tu rencontré dans ce montage?
Gilles Bertrand: Je me souviens encore lorsque je suis rentré dans le bureau de Frédéric Dune qui était alors de directeur de la CEVM, sur le mur de gauche, il y avait le poster du Marathon de New York avec le Verrazano Bridge. Je lui ai posé la question: «Vous ne rêvez pas vous aussi d’organiser une épreuve comme celle-ci sur le Viaduc». Je lui ai lancé un défi. Il était lui-même marathonien, il a défendu le projet auprès de sa direction générale et auprès du Ministère et la première édition a pu voir le jour en 2007. C’est exactement comme cela que je vois l’organisation: un défi, une envie qui devient presque obsessionnelle et qui permet de dépasser les obstacles. Comme pour toutes épreuves quel que soit son rang, son ambition, les moyens financiers, le territoire à maîtriser, il y a toujours des difficultés à surmonter. L’avantage pour cette épreuve est que tous les grands corps d’Etat sont mobilisés pour la réussite technique de celle-ci.
VO2: Pourquoi cette épreuve a-t-elle connu d’entrée le succès? Qu’apprécient les coureurs, le paysage, l’ambiance, l’originalité du parcours pour courir entre ciel et terre?
Gilles Bertrand: Les raisons d’un tel succès sont simples. C’est le viaduc tout simplement. C’est comme de courir sur la Muraille de Chine ou sur le Golden Gate Bridge. Le Viaduc, c’est notre Mont Blanc, c’est une fierté, une réussite exemplaire sur le plan architectural. Et puis courir sur le Viaduc, c’est s’approprier cet espace. C’est comme un sommet, il y a la marche d’approche, la montée difficile de la Piste Nord et enfin le sommet qui se savoure pendant près de 5 kilomètres. La circulation est déviée et cette route unique est offerte aux coureurs. C’est un cadeau unique de courir ainsi, de dominer l’espace.
VO2: Le fait d’être l’organisateur des Templiers depuis des années n’a-t-il pas aussi crédibilisé de suite l’organisation ?
Gilles Bertrand: Organiser les Templiers depuis près de 20 ans et le soutien technique de VO2 ont été fondamentaux pour se lancer dans une telle aventure. Au fil des années, dans toutes les grandes épreuves que nous avons couvertes pour VO2, nous avons collecté des conseils, des idées, nous avons observé comment pouvaient être organisés un grand marathon comme New York ou bien un grand championnat comme un Mondial ou les J.O. A notre niveau, avec nos moyens et nos budgets, nous avons mis en pratique une multitude de petites et grandes idées pour hisser le niveau d’organisation au rang des grandes classiques. Les Templiers nous ont également appris à fédérer des équipes, nous aurons ainsi 800 bénévoles. A encadrer les équipes techniques. A maîtriser au mieux la communication pour faire découvrir cette épreuve dans le milieu de la course et bien au-delà comme dans le monde des entreprises.
VO2: Au début cette épreuve s’intitulait la course unique au propre comme au figuré, or voilà que se profile la 3e édition. Donc à quand la 4ème édition et pourrais-tu concevoir d’accueillir un jour 20000 coureurs, voire plus ?
Gilles Bertrand: La Course Eiffage du Viaduc de Millau est encore un diamant brut. Nous ne cachons pas que nous souhaiterions que cet évènement puisse s’installer durablement dans l’univers du running mais surtout dans la vie de notre cité. Millau est une ville en déclin, en réelle souffrance, cette épreuve est là pour briser cette spirale de la résignation. Il y a ici même une force associative et une incroyable capacité à relever ce genre de défi. Quant aux 20000 coureurs, non, ce n’est pas l’objectif premier même si l’épreuve a l’envergure pour atteindre ce chiffre symbolique. Les contraintes liées aux routes empruntées dont certaines sont étroites nous obligent à un peu de sagesse. Nous préférons miser sur la qualité de course offerte aux coureurs pour qu’ils puissent vivre pleinement cette expérience unique de courir entre ciel et terre.