Il y a 60 ans, Roger Bannister franchissait les mythiques 4’ sur le mile
Le 6 mai 1954, le Britannique fut le premier athlète à franchir la barrière des 4’ sur le mile. Souvenirs.
Roger Bannister est resté dans l’histoire comme le premier athlète à avoir cassé le mur des 4’ sur le mile (1,609 km). Le 6 mai 1954, ce futur grand médecin s’attaque à 25 ans aux 4’01’’4 du Suédois Gunder Haegg, un record du Monde datant du 17 juillet 1945 (avant que Gunder Haegg et son compatriote Arne Andersson ne soient bannis à vie pour…professionnalisme).
Sur le stade d’Iffley Road à Oxford, Roger Bannister a longtemps hésité avant de se lancer dans cette tentative, le fort vent balayant l’enceinte ayant de fortes chances de rendre caduque sa quête. Mais finalement, il s’élance à 18 heures, après avoir passé la matinée à l’hôpital. Le Britannique Chris Brasher emmène un train d’enfer sur le premier des quatre tours de 440 yards (402 mètres). Puis il commence à peiner à mi-parcours (1’58’’). C’est alors que Chris Chataway (qui avait heurté la lice dans le dernier virage d’un final dramatique aux JO d’Helsinki en 1952, terminant finalement 5e d’un 5000 mètres remportée au forceps par Emil Zatopek devant Alain Mimoun) prend le relais de son compatriote, et passe en 3’00’’4 aux trois quarts de mile (Bannister passera ensuite en 3’47’’ aux 1500 m).
«Je ne savais pas si je devais accélérer à ce moment là ou attendre encore 150 yards (137 m) pour dépasser Chataway dans la ligne opposée. J’ai décidé d’attendre un peu et d’accélérer ensuite. Je peux vous assurer que l’adrénaline était à son maximum!» s’est-il remémoré ces derniers jours, cité dans le quotidien britannique The Guardian.
«Un sprint frénétique»
Seul, à un peu plus de 200 mètres du but, Roger Bannister se lance donc dans un sprint «frénétique» comme l’écrivent Robert Parienté et Alain Billouin dans La fabuleuse histoire de l’athlétisme. Contre les secondes qui s’égrènent, il lutte, repoussant ses limites jusqu’à s’effondrer une fois la ligne d’arrivée franchie, reclus de fatigue. Le chrono a parlé. 3’59’’4, Roger Bannister a son nom gravé au panthéon de l’histoire athlétique. Mais pas seulement, le Britannique étant devenu par la suite un neurologue reconnu avant d’être anobli en 1975 et d’être nommé ministre des sports britannique (Chairman of the Sports Council).
Aujourd’hui, à85 ans, atteint de la maladie de Parkinson, il n’en est pas moins «affuté et enjoué» comme le souligne le journaliste du Guardian. «1954: Bannister est à son zénith. Il peut soutenir un train élevé et terminer tout aussi rapidement qu’il l’a fait l’année précédente» soulignait l’écrivain britannique Ross McWhirter –cité dans La fabuleuse histoire de l’athlétisme– pour décrire la progression de Bannister. La même année, ce dernier fera valoir sa pointe de vitesse aux Jeux du Commonwealth (mile) et aux championnats d’Europe à Berne (sur 1500 mètres), avant de stopper sa carrière quelques semaines plus tard.
Le 21 juin 1954, l’Australien John Landy améliorait ce record, le portant à 3’58’’ à Turku en Finlande. 49 jours trop tard…