Marathon de Paris : Mehdi Akaouch se lance sur la distance
Coureur éclectique, Mehdi Akaouch disputera son premier marathon à Paris, avec en tête les championnats d’Europe à Zurich. Cependant, sa préparation tronquée sera peut-être (probablement ?) un frein pour faire autour des 2h14’, le chrono qu’il escompte.
Mehdi Akaouch sur la liste des engagés au marathon de Paris?«Ça semblait bizarre pour tout le monde mais il n’y a pas d’erreur, je suis bien dedans» se marre Mehdi Akaouch au bout du fil. Pourquoi ce choix de se diriger sur marathon pour celui qui possède de solides références sur la piste (13’51’’16 sur 5000 m en 2011, 8’47’’07 sur steeple l’an dernier), et qui s’aligne régulièrement sur semi-marathon (record: 1h04’56’’ en 2011, 3e des France cette année-là)? «Je voulais déjà le faire l’an dernier, mais je m’étais blessé (à l’ischio-jambier). Là, je vise la sélection pour les Europe à Zurich » explique le sociétaire de l’As Pierreffitte, dont la préparation n’a pas été optimale. Petit flash-back, au mois de novembre.La veille du cross de l’Acier (24 novembre), qualificatif pour les championnats d’Europe de cross, «ma femme a accouché» relate t-il.
«Avec le bébé, je n’ai pratiquement pas couru pendant deux mois. J’ai repris le 7 ou le 8 janvier». Très difficile dans ces conditions de préparer un marathon, dans la mesure où les kilomètres accumulés en amont de la préparation spécifique marathon sont essentiels…«Non non, je n’ai pas du tout couru. J’ai repris au mois de janvier. Je n’ai pas fait un footing en deux mois. J’ai galéré deux semaines en janvier, et ensuite ça été» glisse Mehdi Akaouch, auteur d’une grosse performance aux France de cross le 2 mars dernier, avec une 10e place sur le long (et 5e Français). De loin son meilleur résultat sur le cross long pour celui qui avait été vice-champion de France sur le court en 2011 derrière Nouredine Smail.
«Je ne devais pas faire les France à la base. Je pense qu’avec trois ou quatre semaines de préparation en plus, le podium était jouable» souligne t-il. Educateur sportif dans les écoles élémentaires à la mairie de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis), Mehdi Akaouch doit jongler avec ses horaires pour s’entraîner. «Je n’ai pas d’horaires aménagés. J’essaie de doubler le week-end et de faire de longs footings. Au lieu de faire du biquotidien, je fais 40’ de footing avant une séance. Je travaille sur la fatigue. Et au lieu de récupérer 10’ après l’entraînement, je récupère 20’. Depuis un mois, je dois faire entre 140 et 150 kilomètres par semaine. Après, je ne dis pas que je vais faire 2h10!» sourit Mehdi Akaouch.
«Je vais me régler sur 3’10 au kilo. Même si je me sens bien, je resterai toujours sur 3’10, pour passer entre 1h06’30 et 1h07’ au semi. Il ne faut pas se mettre dans le rouge et gérer. J’ai repris en janvier, ça ne fait donc que deux mois et demi de préparation».
«Je l’envoie au charbon»
Le médaillé de bronze aux France 2012 sur 10000 m se prépare seul sous la houlette de son coach Slim Ghomrasni. «Quand je fais des 3000 ou des 4000 m, il essaie de me tirer un 1000 m sur deux. Je l’envoie au charbon» sourit-il. «Je fais des sorties longues de 1h30, 1h40. Je n’ai pas encore fait 2 heures. Mais je le fais mercredi(26 mars) ». Une sortie de deux heures à dix jours du marathon, au moment où l’intensité des séances diminue progressivement jusqu’au jour J?!
«Oui, car je ne l’ai pas encore fait. Je vais le faire le matin, à l’heure du marathon. C’est le seul jour où je ne travaille pas le matin. Après, je ne vais pas être à 17 à l’heure, je vais faire ça à 15-16». Le 16 mars dernier, le sociétaire de l’AS Pierrefitte a pris la 2e place du semi-marathon de Nogent-sur-Marne en 1h06’19’’, un semi disputé à l’allure marathon. «C’est passé bien comme il faut». Reste à savoir si sa préparation raccourcie lui permettra de tenir ce rythme 42 km durant. «Un semi et un marathon, c’est différent» convient-il. «On verra que ça donne. Si ça passe tant mieux, ça ne passe pas, ce n’est pas grave».
Comment justement appréhende t-il la course? «Comme je n’en ai pas encore fait, ça m’a l’air simple jusqu’au 30e. Après, il y a des échos de gensà gauche ou à droitequi me disent que je vais avoir les jambes lourdes à partir du 30e. Vu comment j’ai fait le semi, je pense que je peux encore faire 10 km à cette allure là. Ce qui me fait un peu peur, c’est que je suis juste au niveau de la préparation. Si je fais moins de 2h15 avec une telle préparation, je continuerai sur marathon». Réponse dans une dizaine de jours!