Kévin Campion : son premier 35 km marche
Nous l’avions quitté en août dernier. À Munich, lors des championnats d’Europe, il avait pris la 6e place du 20 km marche. Depuis, Kévin Campion a repris l’entraînement, réalisé un stage en altitude et disputé son premier 35 km marche. Ce week-end, à Zittau (Allemagne), à l’issue d’une course où il aurait pu battre le record de France, il a tout de même effectué les minimas pour les championnats du monde. Nous l’avons contacté.
Après une courte coupure de 2 semaines seulement, il a repris l’entraînement dès le 4 septembre. 2 semaines et demie plus tard, il était déjà en stage. Direction Font-Romeu et le centre national d’entraînement en altitude, situé à 2 800 mètres d’altitude. Les entraînements en altitude, Kévin Campion les connaît bien : « Je les pratique depuis 2009. J’étais espoir encore ». Mais il avoue : « Je n’avais pas fait le tour de la question. Je faisais un peu comme tout le monde : j’allais en altitude – parce que c’était peut-être la mode – je faisais mes 3 semaines et puis je redescendais en vue de l’objectif ».
La volonté d’aller plus loin
Lors de son dernier stage, juste avant les championnats d’Europe, il a partagé son séjour avec les triathlètes. Or eux, s’entraînaient en chambre d’hypoxie, permettant de simuler différentes altitudes. Après avoir constaté que le triathlon avait 20 ans d’avance sur la science de l’entraînement : « Ils sont à des années-lumières, c’est incroyable. », il s’est alors intéressé à ce genre de protocoles.
Si lui voulait en mettre un en place, il lui a fortement était déconseillé. Effet, il ne faut jamais rien tester de nouveau à l’entrainement juste avant une compétition : « On ne sait pas comment j’allais réagir, donc il ne fallait pas prendre de risque ». Il a alors trouvé une période “plus tranquille“ et le choix s’est décidé sur la période de septembre. Il s’était fixé 30 jours là-bas.
Initialement, le but était « d’essayer et de voir comment le corps réagit à la descente ». Faire une préparation, c’est bien. Constater ce que cela donne en compétition, c’est mieux. Il devait alors participer à une course de 35 kilomètres à Leeds le 23 octobre dernier. Inscrite au calendrier à la suite de son organisation l’année passée, elle n’a cependant pas eu lieu en 2022. Il s’est alors rabattu sur l’Occita’Marche de Toulouse, le 30 octobre, dont le 35 km faisait partie du circuit national. En revanche, elle n’était pas labellisée par World Athletics. En cas de chronomètre signifiant (comme un minima pour les championnats du monde 2023), il n’aurait pas été retenu. Il s’est alors inscrit sur le Lusatian International Race Walking Meeting à Zittau, dont la course était labellisée de niveau bronze du challenge mondial, par la fédération internationale.
Le premier 35 km de Kévin Campion
Le tout premier 35 km de Kévin Campion s’est bien passé. Très bien même. Il s’impose en 2h29’31, devant l’Allemand Nathaniel Seiler (2h35’55). S’il est passé très proche du record de France d’Aurélien Quinion (2h28’46, établi sur les championnats du monde à Eugène), il se sentait en capacité de le battre. Parti sur un rythme pour terminer la course autour des 2h29, il s’est senti capable des 2h27’50. Mais à partir du 25e kilomètre, il a dû ralentir : « j’ai peut-être été trop gourmand sur mes allures » comme il l’analyse à postériori. Longtemps à 4’12 au kilomètre, il est passé à 4’09 au kilomètre à partir du 20e. Une accélération qui lui a donc été fatale ensuite : « J’ai fini les 6 ou 7 derniers kilomètres entre 4’20 et 4’30. ».
Il prend cela comme un « manque d’expérience » sur la distance et avoue que battre le record de France sur la distance est désormais dans un coin de sa tête : « Je me dis qu’en étant à 45 secondes, et que le détenteur est Aurélien Quinion, pour embêter le copain, je veux bien le battre » nous-a-t-il en rigolant.
Pour y parvenir, il sait ce qui lui reste à faire : « Ce sera un travail sur moi quant à rester patient. Avoir confiance que marcher moins vite, pourra me permettre d’aller plus vite sur la fin. ».
Mais il sait que ce ne sera pas facile : « Il a fait une super belle course à Eugène aux États-Unis [..] C’est faisable, mais à lui de ne pas le rebattre ». Il avoue tout de même que « ce n’est pas son objectif ». Il souhaite se concentrer sur 20 kilomètres en vue des Jeux.
Les minima pour les mondiaux 2023
Avec ce temps de 2h29’31, il réalise les minima de World Athletics pour les championnats du monde (2h29’40). Cela ne veut pour autant pas dire qu’il sera au départ de la course l’an prochain à Budapest (19 au 27 août). La FFA n’a pas encore publié les modalités de sélection.
Les résultats du 35km du Lusatian International Race Walking Meeting à Zittau.
Killian Tanguy – photo : Réseaux sociaux Kévin Campion