Record du monde du 24 heures à 82 ans
Les 24 heures de Brive, dont il s’agissait de la 19e édition cette année, étaient support du championnat de France de la discipline.
Si Stéphanie Gicquel a établi un nouveau record des championnats de France en parcourant 240 kilomètres, une autre concurrente lui a volé la vedette. À 82 ans (et bientôt 83 ans), Barbara Humbert a établi le nouveau record du monde du 24 heures de sa catégorie d’âge (M9) avec 125,27 kilomètres au compteur.
Au départ de la course, ce n’était pas son ambition. Barbara Humbert participait à son tout premier 24 heures. Par ailleurs, participer à la course ne venait pas d’elle non plus : « Ce n’était pas mon idée. C’était Julien Birgorne, un journaliste, mais qui est également un grand coureur, et il court toujours pour une cause. Là pour le 24 heures, c’était pour l’association Casiopeea (ndlr : qui mène des actions, par le sport, en faveur des femmes atteintes du cancer du sein). On l’a fait en liaison avec le club Rotary du Val d’Oise qui nous donnait 1 € par kilomètre. Il m’a dit “Si tu remportes le titre de championne de France ça va faire plus, et si tu bats le record du monde, ça va encore faire plus ».
Elle l’assure : « Quand c’est un but pour quelque chose, on est toujours plus motivé que quand c’est pour sa propre personne ».
Barbara Humbert ne pratique pourtant la course à pied que depuis 40 ans. « J’ai commencé en 1982 quand j’avais 43 ans. Ma fille, qui, à l’époque, était pensionnaire dans l’école de la Légion d’honneur à Saint-Denis. C’était l’année de son bac, et un jour elle m’a dit “On a fait de l’endurance“. Je lui ai demandé de me montrer, et j’ai fait le tour du village où on habitait à l’époque. J’ai continué à en faire un peu plus, et un peu plus, avec l’idée de faire New York, mais je ne l’ai fait que pour mes 60 ans. Pas avant »
Pour s’y préparer, elle s’est basée sur un 100 kilomètres : « Pour un 24 heures, il faut quand même tenir le coup 24 heures. Pendant plusieurs semaines, j’ai fait une fois par semaine 25 kilomètres en course et 25 kilomètres en marche rapide, car le jour de la course on peut marcher si on est fatigué. Mais on a quand même de l’entraînement dans les jambes. Je fais 50 kilomètres par semaine tout le temps. Ça a marché. J’étais bien, je n’étais pas fatiguée. J’étais bien pendant tout le 24 heures sans problème ».
Sur une telle distance et durée, le ravitaillement et la gestion du sommeil joue un rôle primordial, surtout que les tours faisaient 1,2 km (elle a effectué 112 tours). Pourtant, ce n’est pas ce que Barbara Humbert a ressenti. « J’étais excitée, je n’avais pas envie de dormir. Sur ma table, j’avais juste une bouteille d’eau et quelques barres. Quand je voyais les autres avec des chaussures, des tee-shirts et des chaussettes pour se changer, je me sentais toute petite à côté. Mais bon, j’avais juste besoin de boire, et c’est mon mari qui m’a forcée à manger de temps à autres. Il m’a fait une très bonne purée avec du jambon, et puis des nouilles. C’était bien ravitaillé, mais je n’avais pas envie de manger ».
Ce record du monde ce n’est pas sa plus grande satisfaction : « Je suis surtout fière d’être venue en aide à Julien. Pour moi-même, je ne m’en rends pas vraiment compte ».
Sa pratique de la course à pied n’est pas toujours de l’avis des médecins. « L’autre jour, je suis allée voir mon médecin traitant, mais elle n’ose plus rien dire, car elle sait que je ne l’écoute pas. Ma fille est médecin aussi, donc je suis bien entourée. Je fais aussi régulièrement un test d’effort ».
Elle a terminé en nous disant : « J’écoute mon corps, je connais mon corps. Je fais cela parce que je vais bien. Si je n’allais pas bien, je ne pourrais pas régir comme ça. Il faut être raisonnable. Pour l’instant je n’ai mal nulle part. ». C’est une bonne nouvelle, et on espère que cela sera le cas pendant plusieurs années encore, afin d’entendre encore parler de Barbara Humbert.
Killian Tanguy