Yohan Durand : le plaisir retrouvé après un début de saison difficile
Après une saison estivale blanche en raison de douleurs récurrentes au tendon d’Achille, Yohan Durand avait fait forte impression au cross sélectif de l’Acier le 17 novembre dernier, en se classant 3e Français, glanant ainsi son ticket pour les championnats d’Europe (39e). Mais les douleurs étaient toujours présentes et le Bergeracois a fait une croix sur la suite de la saison hivernale. Désormais, tout est rentré dans l’ordre et Yohan Durand se montre confiant pour la suite.
Qu’avez-vous fait depuis les championnats d’Europe de cross?
«J’ai fait des injections de PRP (pour plasma enrichi en plaquette: “ils font une prise de sang, mettent le tube dans une centrifugeuse pour ne garder que les plaquettes puis les réinjectent à l’endroit où il y a des lésions“ explique t-il) le 19 décembre à Toulouse. J’ai coupé complètement trois semaines. J’ai repris vers le 5 janvier. J’avais les France militaires le 8 janvier à Fréjus, et j’ai fait 2-3 footings avant la compète. C’était uniquement pour l’équipe car l’armée me l’a demandé. J’ai ensuite recoupé pendant trois semaines car une bursite s’était reformée suite à ma première injection. Je faisais du vélo et de l’aquajoging pour garder la condition physique. J’ai repris début février, et depuis je n’ai aucune gêne ni douleur, ni sur le tendon ou sur l’insertion. J’ai dû faire 3 footings la première semaine, puis 5, puis 7 et j’ai commencé à doubler vers le 20 février.»
Avez-vous songé à vous faire opérer (à l’origine, il souffre du syndrome d’Haglund, l’arrière de son talon, mal formé, créant des tensions sur le tendon d’Achille) ?
«Après les Europe de cross, on a essayé de se projeter dans l’avenir (avec son coach Pierre Messaoud). Le gros objectif restait l’été. Quand j’ai repris, entre septembre et décembre, j’avais toujours une petite gêne régulière sur le tendon par rapport à la blessure que je m’étais faite l’été dernier.Je me demandais comment j’allais pouvoir préparer la saison sur piste quand il faudrait mettre les pointes, qu’il aurait fallu commencer à faire des séances rapides. Pour les Europe de cross, je n’ai fait que de la nature, du souple. Pour le 5000 m sur piste, ce n’est pas pareil. Jean-Michel Serra, le médecin de la Fédé, ma donc parlé du PRP. Je me suis dit que si le PRP ne marchait pas, il faudrait passer à l’opération. Mais la douleur n’est pas suffisamment insupportable pour que je ne puisse plus recourir. Elle l’est suffisamment pour que je le sente à l’entraînement. Je le sentais les premières minutes, ou le lendemain de séances. On a tenté ça, et pour l’instant je suis satisfait. On a réglé le problème du tendon lui-même, mais pas le problème de l’os qui vient frotter et qui risque peut-être un jour de nouveau léser le tendon.»
«Pour l’instant, ça change un peu la vie»
Au niveau de l’entraînement, la forme revient?
«C’est plutôt pas mal. Je n’ai pas mis les pieds sur la piste. Début mars, on est parti sur un gros cycle de foncier après un peu de réathlétisation. Je suis entre 140 et 150 kilomètres par semaine. On fait plus des séances sur du volume comme des grosses sorties au seuil, par exemple presque 3×5000 m en nature sur des allures de 3’05 au kilo. Je suis en train de récupérer tout le travail foncier que je n’ai pas fait en décembre-janvier.Après, on va commencer à travailler en intensité. Je pars en stage aux Canaries à partir du 10 avril, jusqu’au 27 avril. Ma copine me suit et m’aidera en vélo. Je vais ensuite monter à Font Romeu, et je cours à Marrakech le 8 juin sur 5000 m. Ensuite, on verra par rapport à ce premier meeting.»
Appréhendez-vous les premières séances sur piste?
«Pour l’instant, ça change un peu la vie. Quand j’ai repris en septembre-décembre, je n’allais pas à l’entraînement avec grand plaisir car j’avais plus ou moins mal. Et c’était assez dur à vivre. Depuis février, c’est vraiment l’inverse. J’y vais avec plaisir. Il y a une sensation de courir avec une certaine liberté. Et ça ne m’était pas arrivé depuis quasiment un an. J’ai vraiment pris plaisirà courir ces derniers temps. Quand tu vas courir avec une gêne, tu as la tête ailleurs, tu es tout le temps en train de penser à ci, à çà, à là où tu as mal, à savoir si tu va pouvoir faire la séance deux jours après etc…. Là, il y a une liberté totale dans la course. J’enchaîne normalement les lendemains de séance. Je n’ai pas cette appréhension de retoucher à la piste, car je n’ai aucun signal d’alerte. Je me dis que ça devrait être bon.»
«La ligne est bien tracée»
Vous avez participé à deux trails fin mars, début avril (trail du grand vignoble et le Monbazitrail): dans quel but ?
«Je suis parrain de ces deux compétitions. Le but est de reverser la plupart de l’argent récolté auprès d’une association, “Les Petits Bouts“, pour aider les personnes atteintes du syndrome de Cockayne. Mon petit filleul est atteint de ce syndrome et ce sont deux courses qui me tiennent à cœur. Je le prends aussi comme des sorties longues. Ce sont des trails mais ce sont des chemins sur lesquels je m’entraîne de temps en temps.»
Vous êtes confiant pour les championnats d’Europe de Zurich(en 2012, 4e du 5000 m à Helsinki, année où il avait battu son record personnel: 13’17’’90) ?
«Pour l’instant oui, car ça fait deux mois que j’ai repris, et je n’ai aucune douleur. La ligne est bien tracée. La forme est bien revenue. Je commence à être pas mal sur le long. Je sais que ça sera compliqué. Il faut d’abord faire les minima le 8 juin (13’26’’00), faire une bonne course aux France, faire des bons meetings, et après on verrale 17 août.»
Photo : Gilles Bertrand