Clémence Calvin athlète du week-end
La double championne de France de cross a réalisé ses débuts sur semi-marathon dimanche à Lisbonne, prenant la 6e place en 1h11’17’’ (résultats ici).
Des débuts qui n’étaient initialement pas au programme. « Je devais faire ce semi-marathon pour le label de la course (pour que les courses aient le label IAAF, les organisateurs doivent faire venir des athlètes de haut niveau ; le semi-marathon de Lisbonne possède le label or, le plus prestigieux, ndlr). Je n’avais pas spécialement prévu de le terminer. Quelques jours avant, je me suis dit : « pourquoi pas me lancer ». Les organisateurs m’avaient invité en amont, pour la conférence de presse etc…Je me suis dit qu’il fallait leur rendre la pareille. Et je n’aime pas abandonner. Mais je n’avais pas prévu de faire de semi et je n’étais pas préparée en conséquence. Depuis les Europe de cross (7e, lire ici), j’étais repassée sur une préparation un peu plus courte, avec des séances de piste courtes, un petit peu comme j’avais fait en 2014 ».
Résultat ? Une 6e place et un chrono très intéressant en 1h11’17’’ – un temps similaire à celui de Jacqueline Gandar une semaine plus tôt (lire ici). « Je m’étais dit entre 1h10’ et 1h11’. J’avais un peu peur de la distance mais ça va. J’avais déjà fait un tempo de 17 km sur 3’25’’ (en octobre dernier, à l’occasion du marathon de Lisbonne, également pour que la course soit labellisée, ndlr) » raconte t-elle. « Une fille m’a collée jusqu’au 12e et je me suis ensuite retrouvée seule. Elle m’a passée et je me suis vue lâcher. Mais je suis repassée devant elle au 13e et elle a lâché. Pour la première fois, j’ai senti ce second souffle. Même si je n’avais pas les jambes, j’avais au moins la tête et l’envie. Sinon, j’ai été régulière tout au long de la course : 16’50’’, 17’00’’, 16’55’’ et 16’57’’).
De là à regretter de ne pas avoir postulé pour les championnats du Monde de la distance ce samedi 28 mars (à Cardiff au Pays-de-Galles) ?
« Je me suis lancée, c’est comme le saut à l’élastique »
Non car cela n’était pas compatible avec ses ambitions estivales, et son prochain gros rendez-vous le 1er mai prochain à Palo Alto aux Etats-Unis, où elle visera les minima olympiques sur 10 000 mètres. « J’y avais pensé, je m’étais dit pourquoi pas, même je n’avais pas envie de modifier la préparation si peu de temps avant la réalisation des minima. C’est un risque, si jamais je ne récupère pas etc… ».
Les minima sur 10 000 ù sont fixés 31’55’’ ; son record est de 31’52’’86, établi en 2014 lors de la coupe d’Europe en Macédoine.
« C’était mon premier, je n’avais pas trop de références. Il faisait 30 degrés, à 18 heures. Le lièvre n’était pas sur les bonnes allures, j’étais devant au bout de 4 000 m. Je prenais une bouteille chaque tour. J’avais fait un negativ split. Au vu de ce que je faisais à l’entraînement, je pense que valais 31’10’’ – 31’15’’. Je pense que j’ai une petite marge. Après, vu que c’est tôt dans la saison et qu’il faut durer jusqu’en août – je ne vais pas faire mes meilleures séances dès maintenant- il faut appréhender la compétition sans être non plus à 100%, d’autant qu’il y a aussi les Europe en juillet. J’espère que ça ne me portera pas préjudice » souligne la médaillée d’argent continentale à Zurich en 2014, qui compte de basculer sur le marathon pour la prochaine olympiade –elle aura trente ans à Tokyo en 2020.
« Les longues distances, un exercice psychologique fort »
« Cette course un peu improvisée (le semi de Lisbonne) m’a un peu conforté dans ce choix là parce que j’ai été très régulière, je n’ai pas craquée. Je me dis qu’avec un entraînement spécifique, ce sont des allures qui peuvent se transformer en allure marathon. C’est une transition qui se fait aussi le long terme » note Clémence Calvin.
Et la double championne de France de cross a apprécié ses nouvelles sensations. « Déjà, ça enlève le côté barrière psychologique de la distance. Je me suis lancée, c’est comme le saut à l’élastique. A la fin, c’était bizarre, car même si je n’ai pas fait un excellent temps, j’étais émue de l’avoir fini. Les longues distances, c’est une émotion, car tu as vraiment le temps de réfléchir à tout pendant la course : arrêter, continuer, tenir etc…C’est un exercice psychologique assez fort. Sinon, j’avais une deuxième crainte liée à la foulée, au fait d’être économique. Mais finalement, j’ai pris mes marques petit à petit sur la course et j’étais plutôt contente de ma capacité à adapter ma foulée sur cette distance ».
Texte : Quentin Guillon.
Photos : Yves-Marie Quemener.