Et les Masters courent toujours…
Une semaine jour pour jour que les premières compétitions ont débuté sur les trois stades et parcs de la région lyonnaise, site des Mondiaux Masters d’athlétisme. Chaque jour amène son lot de records du monde, ses sprints rageurs, et chacun pousse la « machine » à son maximum, avec autant de ferveur et de passion qu’au plus jeune âge. Les médecins, en bord de piste, s’inquiètent parfois, mais surtout s’émerveillent des efforts déployés par des athlètes à la gestuelle encore souvent très esthétique et efficace, mais parfois hésitante aussi. « C’est étonnant à quel point les plus âgés d’entre ces athlètes se donnent encore à fond » note l’un d’entre eux.
Pas d’accidents de santé majeurs à déplorer néanmoins. « Parfois, c’est vrai qu’on se demande comment certains parviennent à se faire délivrer un certificat médical pour la compétition » sourit malicieusement ce médecin à la retraite, bénévole sur ces Mondiaux. « Ce qui nous a inquiétés la semaine dernière, c’était la fête chaleur qui régnait dans la région. Surtout pour ceux qui enchaînaient les épreuves du décathlon. Mais à part quelques malaises à déplorer, rien de très grave. Cette semaine, avec les sprints, c’est plutôt du côté des articulations et des blessures musculaires qu’il faudra regarder » rassure ce médecin. Sa collègue responsable des contrôles antidopage est ravie, elle, d’avoir vu finir sans encombres l’un de ses petits protégés, le Français François Poncin. 50 licences à son actif, et une spécialité, les haies. Une passion qui a basculé en 2006, suite à un AVC subi lors des France Masters. Depuis, le verbe est perturbé, une jambe ne répond pas toujours à 100%, mais l’ancien épicier est revenu sur le tartan, après avoir essayé la marche athlétique après son accident de santé. « Apprendre une discipline à plus de 60 ans c’est compliqué. J’étais souvent disqualifié. Et puis, je n’avais pas cette adrénaline du sprint» explique celui, qui, plus jeune, courait la distance en 56’’60. « C’est vrai qu’on a toujours une appréhension avec ces athlètes qui ont connu de graves soucis de santé, mais pour certains, c’est salvateur. On a ici des coureurs qui sont traités pour des cancers, qui suivent une chimiothérapie, mais rien ne les arrête. Cela fait partie de leur combat contre la maladie » assure la médecin.
D’autres ont saisi l’occasion des mondiaux en France pour revivre des émotions oubliées. A l’image de Viviane Dorsile. L’ancien championne de France du 400 et du 800m est revenue à a compétition à l’occasion de ces Mondiaux. « Je suis là un peu par hasard. Je suis tombée par hasard sur les France Masters, puis je me suis pris au jeu, et aujourd’hui ce sont les Mondiaux » explique dans un rayonnant sourire l’ancienne membre du relais tricolore champion d’Euope en 1994. « Disons que ma préparation n’a rien eu de spécifique. Je m’occupe de jeunes au club de Châteauroux, et je fais les séances avec eux, surtout des séances de fond, d’une heure, une heure et demie, ce qui ne m’arrivait jamais durant ma carrière Elite ». Une « remise à niveau » qui a permis à la gazelle de décrocher le titre mondial Masters sur le 400m haies dans sa catégorie 45-49 ans (en 1:07:02). Et de profiter d’une Marseillaise de plus dans la Halle des Sports Stéphane Diagana de La Duchère (69), où les Bleus ont déjà récolté 128 médailles (nation leader provisoire).
Luc Beurnaux