Christelle Daunay, les Europe de cross sept ans après
Après le marathon de New York, Christelle Daunay renoue avec les championnats d’Europe de cross ce week-end à Hyères.
La dernière fois que Christelle Daunay a participé aux championnats d’Europe de cross ? Il y a sept ans et une 18e place (son meilleur résultat en trois participations aux Europe de cross ; et 3e par équipes) en 2008 à Bruxelles. « Le temps file » sourit-elle. Le temps file, mais un constat récurrent s’impose : à 41 ans, Christelle Daunay est toujours aussi performante sur marathon. En atteste sa cinquième place à New York le 1er novembre (2h26’57’’).
« Il y avait le soulagement d’avoir pris le billet (pour le Jeux Olympiques de Rio) dès New York, et la satisfaction aussi car le chrono est bon, alors que si on avait essayé de tout mettre en place pour y arriver, il manquait encore quelques pièces au puzzle (du fait de sa blessure, lire ici). Dans les cinq-six derniers kilos, après le dernier ravitaillement, le parcours est quasiment vallonné jusqu’au bout. L’organisme est très sollicité, d’autant qu’on est passé très vite au semi (1h12’57’’ contre 1h16’02’’ en 2013), donc j’étais forcément entamée physiquement. Musculairement, j’ai limité la casse mais j’ai vraiment été en difficulté –j’ai plus souffert que d’habitude- car il me manquait des phases d’entraînement que je n’avais pas pu mettre ».
Des Europe en France déterminants dans le choix
Dans la foulée, « une ou deux séances références concluantes » lui ont donné le signal positif afin de se mettre à disposition de la Fédération pour les championnats d’Europe de cross. Le fait que le rendez-vous ait lieu pour la première fois de l’histoire en France a joué un rôle substantiel.
« En post-marathon, ça joue beaucoup. Si ça n’avait pas été en France, la décision aurait certainement été autre. J’ai eu la chance de vivre les championnats du Monde à Saint-Galmier en 2005 (68e sur le cross court), même si pour la plupart ce n’était pas une belle expérience au niveau des résultats (sourire). Mais l’évènement en lui-même était très bien organisé. On a vécu un bon moment et il y a un peu plus d’envie du fait d’avoir le soutien des supporters qui seront plus nombreux que d’habitude ».
La championne d’Europe à Zurich a t-elle repensé avec son coach Cédric Thomas à la fissure du tendon d’Achille contractée lors de sa dernière apparition dans les labours, au cross Ouest-France en janvier dernier, et qui avait annihilé ses ambitions de très gros chrono en avril dernier à Londres ? « C’est vrai qu’on peut se poser la question. Mais ce sont les Europe en France, c’est un bel évènement et c’est intéressant de pouvoir le vivre. J’ai fait abstraction de cette blessure pour bien me préparer ».
En revanche, se réaccoutumer aux labours et aux pointes de cross à Allonnes le 22 novembre aurait été prématuré. « Là, j’aurais eu peur de la blessure. Je ne voulais pas prendre de risque. Il faut faire attention. Le plus important, c’est quand même le 14 août 2016 » admet Christelle Daunay, épatante par sa capacité à répondre constamment présente lors de tous ses rendez-vous sur marathon.
« Je vais plus appréhender les Europe de cross »
« Déjà, la distance doit correspondre à mes qualités. Le premier marathon s’était bien passé (2h28’54 » en 2007 à Paris). J’ai l’expérience de la course et j’en apprends encore à chaque sortie. J’arrive à maîtriser les aléas de course, quelque que soit la façon de courir –seule, en groupe, aller vite, moins vite. J’arrive à chaque fois sur un marathon bien préparée. C’est un tout » explique la recordwoman de France, figure du proue hexagonale d’une discipline qui a connu un automne difficile (lire ici).
Son approche est-elle différente de celle d’un dix bornes ou d’un cross comme dimanche ? « Je vais plus appréhender les Europe de cross » confie t-elle. « Parce que c’est un départ rapide. Il y a souvent un premier virage où ça tasse. Sur route, on a peu le temps de voir venir les sensations. Sur cross, il faut être d’entrée dedans car sinon le wagon part et on ne le revoit pas, même si on peut encore revenir de l’arrière sur 8 km. C’est quand même un effort beaucoup plus violent, où il faut être prudente sur les appuis, sur les adversaires. Il y a plus d’appréhension qu’un marathon ».
Elle s’est donc rapidement tournée vers un deuxième objectif très rapproché. Sur un fil, entre récupération inhérente au marathon (physiquement et mentalement) et impérieuse nécessité de préparer ces championnats d’Europe. Pas évident, comme elle l’expliquait l’an passé après son titre continental à Zurich.
Objectif médaille par équipes
« Avant le marathon de New York, je m’étais préparée mentalement à encaisser une récupération plus un réenchaînement sur une préparation cross, dans le cas où j’étais qualifiée à Rio et où j’avais des chances d’aller aux Europe. C’était déjà important d’intégrer les Europe post-marathon. Si je n’avais pas été qualifiée, je ne les aurais pas faits. On ne fait pas la récupération de la même façon. Mentalement, il faut repartir vite. Les premières séances étaient bonnes, même s’il y a eu de temps en temps quelques petits contrecoups physiques car je n’avais pas pleinement récupéré. Il fallait ajuster le plan entre finir la récupération et s’entraîner dur pour ces championnats d’Europe, en mettant essentiellement plus de qualité, avec des séances plus nerveuses, que de quantité car j’ai le foncier » glisse Christelle Daunay, 35e des Mondiaux de cross en 2013.
Ce dimanche 13 décembre, « l’objectif sera d’aller chercher la médaille par équipes. On aimerait bien ramener l’or et on va se battre pour. Sur le plan individuel, je vais me battre pour être dans les meilleures possibles. Dire un chiffre, c’est compliqué car ça fait un petit moment que je n’ai pas couru de cross. C’est un effort particulier, mais je vais comme à chaque fois défendre mes chances avec l’équipe ».
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Photo de Une : Yves-Marie Quemener