Athlétisme Route

Mathieu Bazin, le nouveau venu

Partager
Poste Le 15 juillet 2015 par adminVO2

Rencontre avec Mathieu Bazin, deuxième des championnats de France sur le 3 000 m steeple dimanche 12 juillet, derrière Yoann Kowal, au parcours athlétique très atypique.
En zone mixte, on vient taper sur l’épaule de Mathieu Bazin. « Bravo, tu as tenu ton rang » lui souffle Igor Bougnot (8e). « C’est la première fois que j’entends ton nom. C’est bien, bravo » abonde Tanguy Pepiot, médaillé de bronze.  Nous aussi à vrai dire… « Je commence à reconnaître quelques visages » sourit Mathieu Bazin.
Car l’athlète de Granville est un nouveau venu. Deuxième temps des engagés avec ses 8’36’’16, il est monté sur la deuxième marche du podium derrière l’ultra favori Yoann Kowal, en 8’41’’61. « Je pensais forcément au podium. J’avais fait 8’36’’ sur ma première course (à Hérouville), mais je valais mieux. J’ai ensuite validé à l’entraînement des séances qui valaient 8’25’’ – 8’26’’. Mais je n’ai pas pu recourir de steeple. Je ne me suis pas très bien senti pendant la course. J’ai eu peur à la mi-course de ne pas réussir à battre Romain Collenot-Spriet ou Tanguy, mais j’ai pu compter sur ma puissance. Je suis content ».
Mais qui est donc Mathieu Bazin, 25 ans ? Lassé par le football, il a débuté l’athlé « il y a quatre ans (sa fiche FFA indique toutefois qu’il évoluait sur 400 et 800 avant 2011, ndlr).  J’en avais marre de la mentalité du football. J’étais à un bon niveau mais je ne pouvais plus supporter » se marre l’ancien numéro 6 (milieu relayeur), alors en sports-études et qui évoluait à Avranches, en U19 DH. « J’avais de grosses capacités en course à pied. J’aimais aussi beaucoup le tennis. J’ai hésité un mois ou deux, et je me suis intégralement lancé dans l’athlé car j’ai suivi mes capacités plus que mon cœur ».
« Je m’entraîne beaucoup sur les sensations. Je regarde les chronos mais j’écoute beaucoup mon corps »
S’il s’est licencié à Granville (Manche), Mathieu Bazin s’entraîne en solo, « dans la campagne près de chez moi ». Après avoir suivi trois ans durant l’entraînement de Denis Hudan (« on est toujours en très bon contact, et on se voit de temps en temps. Il m’a appelé avant la course pour me souhaiter bonne chance »), il a fait le choix de devenir son propre coach. Etonnant, à seulement 25 ans, donc.
« Oui, je sais. Tout le monde me dit qu’il a un coach » sourit-il. « J’ai préféré prendre mon envol seul. J’ai une trame mais il fallait que je puisse décider, pas au jour le jour mais presque, les séances que je fais. Avec le boulot et tout ce qu’il y a autour, ce n’est pas forcément évident de gérer la course à pied, de rentrer à 20 h, crevé, et d’aller faire sa séance. Il vaut mieux parfois écouter son corps et repousser au lendemain. J’ai beaucoup étudié la course à pied. Je suis vraiment passionné. Je m’entraîne beaucoup sur les sensations. Je regarde les chronos mais j’écoute beaucoup mon corps » développe celui qui s’entraîne comme un véritable sportif de haut niveau.

Mathieu Bazin (maillot bleu et blanc, à gauche) - Photo Jean-Marc Mouchet
Mathieu Bazin (maillot bleu et blanc, à gauche) – Photo Jean-Marc Mouchet
« Cet hiver, c’est la première année où j’ai beaucoup tapé dedans. Je faisais une moyenne de 120-130 km par semaine, et entre dix et douze fois par semaine. En ce moment, c’est un entraînement par jour ».
Et le Granvillais compte bien mettre toutes les chances de son côté. « J’ai mes diplômes d’éducateur sportif mais j’ai décidé d’arrêter car ça me prenait beaucoup trop de temps. C’était très physique. J’étais aussi coach marche nordique en même temps » relève celui qui a trouvé un poste en tant qu’assistant d’éducation (traduction : surveillant) dans un internat. « Je serai à temps plein, 40 heures par semaine, mais ça devrait normalement me libérer du temps pour m’entraîner ».
« Se rapprocher des 8’20’’ »
Après une incursion sur le 1 500 m  (3’44’’25 en 2013), Mathieu Bazin est venu au steeple. « Au vu de mes capacités, je suis plus puissant et je suis fait pour çà.  Je ne suis pas contre un retour sur 1 500, pour essayer de passer les 3’40’’ et me redonner de la vitesse pour le steeple ». Une distance sur laquelle il veut se rapprocher des 8’20’’ l’année prochaine, où il ne serait alors pas très loin de postuler à une place aux championnats d’Europe, voire davantage…
S’il avance à grand pas (« J’explique ma progression par l’entraînement. Il fallait le temps que le corps s’adapte (après son arrêt du foot). J’ai perdu un petit peu de poids »), il possède une marge de progression avec le passage de barrière, où il apparût en difficulté dimanche, avec deux franchissements « limites, limites. Je ne les bosse pas du tout. Quand on ne travaille, ça ne paye pas » abonde t-il.
L’ancien footeux se destine à une carrière sur le long. Une large palette proportionnelle à son rayonnement sur le rectangle vert, où son poste requérait une condition physique optimale. « J’ai plus d’aptitudes pour faire du long. Je le sens bien quand je veux faire un dix bornes. Tant que je peux être bon sur du court, je vais continuer, mais je me vois passer dans trois-quatre ans sur 10 km, semi et le cross long. J’aimerais passer sous les 29’ l’année prochaine sur 10 km (son record : 29’52 favorable à Taulé-Morlaix en 2013). Il n’y en a pas beaucoup en France (qui ont fait moins de 29’). Des grosses courses sur 10 bornes, je n’en ai quasiment pas fait ». Il en aura l’occasion l’automne prochain à Tout Rennes Court.
Et devra sans doute apprendre à connaître d’autres nouveaux visages…

X