Athlétisme

Kévin Campion sans se découvrir

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Poste Le 11 juillet 2015 par adminVO2

Deuxième en 2014 derrière Yohann Diniz (forfait à Villeneuve d’Ascq), Kévin Campion a remporté en solo le 10 000 m marche. 
11 heures passés. Le soleil commence à cogner sur le tartan bleu foncé du Stadium Lille Métropole de Villeneuve d’Ascq. D’emblée, Kévin Campion prend les devants et tue rapidement le suspense sur un 10 000 m marche auquel le champion de France Yohann Diniz a renoncé, retardé dans sa préparation après des soucis aux adducteurs et au pubis -il a repris l’entraînement à Font Romeu en fin de semaine.
« Je voulais le titre. Yohann n’était pas là donc ça gâchait un peu les espérances de chrono. J’ai surtout essayé de m’appliquer techniquement car je sors d’une disqualification aux Elite sur 20 km (le 8 mars) » explique Kévin Campion, parti « très lentement, en 4’10’’ » avant d’accélérer progressivement au fil des tours, et boucler son 10 000 m en 41’11’’73.
« Sur la fin de course, c’est un peu difficile avec la chaleur. Je sens que je ne peux pas aller plus vite. Je prends juste un jaune sur la fin de course, je sens que ça tire un peu mais sinon ça s’est bien passé. Je suis content ».

Photo Jean-Marc Mouchet
Photo Jean-Marc Mouchet
De quoi le lancer vers des championnats du Monde de Pékin (22-30 août) auquel il aurait pu ne pas participer. Car, après sa disqualification aux France à Arles (le 8 mars) où il était « sur les bases d’1h20’’30, soit son record (1h20’39’’ l’an passé) », il tenta de réaliser les minima (1h21’45’’)  la semaine suivante à Lugano en Italie. Sans réussite (1h25’56’’). « Je ne suis pas Yohann Diniz, je ne peux pas enchaîner deux 20 bornes de suite (le Rémois avait fait 1h17’02’’ aux France (1) puis 1h17’24’’ la semaine suivante à Lugano) ».
« Ça fait du bien d’être mettre dos au mur. Ça fout une claque »
Vint ensuite la coupe d’Europe à Murcie. Nouvel échec (1h25’50’’). « Je m’étais bien préparé mais je n’étais pas dedans dans la tête. C’était lamentable » souffle le facteur, détaché à 50 % de la Poste. Qui met ainsi les bouchées doubles au travail l’hiver, ce qui lui permet d’être totalement libéré depuis mai. Mais sa préparation hivernale fut forcément impactée, et c’est peut-être l’une des raisons de son printemps difficile. « Certains n’ont rien donc je ne vais pas me plaindre. J’ai de la chance (de travailler et d’être détaché à 50%) » s’excuse presque celui qui prit la 11e place des Europe de Zurich (lire ici).
C’est finalement dos au mur, à sa dernière chance et le cœur palpitant, qu’il alla chercher sa qualification le 6 juin dernier à La Corogne (1h21’34’’). « Je suis content car je me suis remobilisé. C’était tendu. On a la pression. On se dit qu’il ne faut pas passer à côté. Ça fait du bien d’être mettre dos au mur. Ça fout une claque ».
Dans la foulée, il a surtout pensé à récupérer, avant de remettre « un peu de vitesse sur 5 000 m », claquant notamment 18’57’’42 à Hérouville, à dix secondes de son record. Signe que la forme est présente.
Le podium, avec Cédric Houssaye en deuxième position et Hugo Andrieu sur la 3e marche (Photo Jean-Marc Mouchet)
Le podium, avec Cédric Houssaye en deuxième position et Hugo Andrieu sur la 3e marche (Photo Jean-Marc Mouchet)
« La vitesse était là. Je savais que j’étais fort mais ça ne sert à rien de le montrer maintenant. Il faudra le montrer fin août » souligne Kévin Campion à propos de ces France Elite. L’expérience, sans doute, lui qui avait impressionné à Charléty il y a deux ans (champion de France en 38’37’’02), avant de craquer à Moscou le mois suivant, où il s’était mis une pression monstre et avait abandonné.
« Je ne me découvre pas. Je fais une bonne séance. 41’, ça va quand même vite. On n’est pas beaucoup à marcher à cette allure en France. Mais je ne fais pas 38’ et j’espère que je ferais 1h20’ à Pékin » sourit-il.
Sa préparation va s’intensifier à partir de la semaine prochaine, avec un stage à Font Romeu, où il retrouvera donc le champion d’Europe et recordman du Monde Yohann Diniz. Avant de prendre part à ses deuxièmes Mondiaux en Chine, où le niveau s’annonce éminemment relevé.
« J’aimerais bien rentrer dans les huit mais il faudra être très très fort ».
(1) Il s’agissait alors du record du Monde, amélioré la semaine suivante par le Japonais Yusuke Suzuki (1h16’36’’).
Les résultats du 5 000 m marche : cliquez-ici.

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